lundi 5 septembre 2011

Appropriation de l’héritage historique et culturel de l’Azerbaïdjan

L’appropriation de l’héritage historique et culturel de l’Azerbaïdjan, dont le grand poète azerbaïdjanais Nizami Gandjevi sert d’exemple, par les gouvernements iranien et arménien. « Ces gens sans cœur ne me rompront pas, Je me pleins à ceux qui n’existent pas encore dans ce monde, on ne reconnaît pas mes racines turques dans cette Abyssinie. C’est pourquoi on ne mange pas mon délicieux mets haché» Nizami Ganjevi, poème « Sept merveilles », l’an 1197.
En mars 2006, Afchar Suleymani, ambassadeur d’Iran en Azerbaïdjan à l’époque, avait attribué à l’Iran – son pays et aux perces- son ethnie titulaire, inconditionnellement et avec persistance, le grand poète azerbaïdjanais, philosophe et penseur du XIIe siècle Nizami Gandjevi (env.1140/1-1203/09), malgré les origines turques par son père et son appartenance irréfutable à l’Azerbaïdjan. En même temps, ne se contentant pas de cela, l’ambassadeur a également refusé le droit d’appeler azerbaïdjanais au poète de Tabriz du XXe siècle Chakhriar, insistant sur son appartenance exceptionnelle à l’Iran (les noms Nizami et Chakhriar sont des pseudonymes poétiques de ces poètes). Les déclarations politiques (on ne peut les appeler autrement que politiques), faites par l’ambassadeur A. Suleymani, tout le caractère de sa rhétorique, le sens caché de ses énoncés et l’historique de ce sujet étaient appelés à montrer l’exclusivité de l’appartenance de Nizami (et de Chakhriar) à l’Iran. Avec cela, une telle logique et cohérence  sont observées dans toutes les questions en ce qui concerne l’histoire, l’héritage culturel et le patrimoine du peuple azerbaïdjanais et du pays. Pratiquement, c’est la sous-entende non-dissimulée de la dominance et l’appartenance à l’Iran de tout ce qu’il y a sur le territoire de la République d’Azerbaïdjan, en tout cas, avant 1828, (date de signature du traité de Turkmentchay). C’est aussi le refus de distinguer les azerbaïdjanais ethniques d’Iran par leur appartenance ethnique (cela ne diminue aucunement leur appartenance à un autre pays, société, culture et leur citoyenneté).
Les déclarations de l’ambassadeur étaient la suite de la « lutte» pour l’origine et nationalité du poète classique du XIIe siècle entre l’Iran et l’Azerbaïdjan, lancée par le président M. Khatémi lors de sa visite officielle dans notre pays en 2004. Il est à remarquer, que les sources et les milieux arméniens ont repris vivement ces attaques, y compris le Ministère de la Défense d’Arménie, pour lequel la « question de Nizami » représente un grand intérêt (n’est-il pas le temps pour le  Ministère de la Défense d’Azerbaïdjan de s’intéresser à la nationalité des tsars, des annalistes et des religieux « arméniens »?). Et on peut dire que c’est une nouvelle étape des discussions, car si avant, le côté iranien faisait ces déclarations à l’intérieur de son pays et, ensuite, à l’étranger, alors maintenant, il a décidé de commencer une attaque informatique et propagandiste de grande ampleur directement sur la terre natale de Nizami.
Il serait opportun de se demander, pourquoi alors on n’entendait pas de telles déclarations dans les temps de l’URSS? Comme, d’ailleurs ni sur le « statut de la Caspienne», ni sur le rejet de la délimitation maritime sur la ligne Astara-Hassanguli, existant dès 1921, au minimum, et même dès 1723, quand l’Iran de chah avait reconnu en général tous les droits de l’Empire russe à la Caspienne. Tenant compte de cette situation, l’auteur estime, que l’Union des écrivains azerbaïdjanais, l’Académie des sciences de l’Azerbaïdjan, les intellectuels, le public créatif et scientifique et le gouvernement du pays ne doivent pas se limiter seulement aux déclarations et les réfutations générales en réponse  aux énoncés de l’ambassadeur et plus tôt, du président de l’Iran. De même, on a besoin de l’élaboration d’une conception précise et d’un programme de la résistance à l’ «appropriation  culturelle» pareille à l’avenir, de la part de n’importe qui, parce que Nizami n’est pas le seul objectif de revendications. A l’opinion de l’auteur, la réponse doit être toujours immédiate, complète et exhaustive, ne laissant aucun doute, ni aucune possibilité pour une interprétation incorrecte et décourageant, afin de persuader toute personne d’abandonner la tentative d’approprier l’héritage azerbaïdjanais au futur.
Nizami Gandjevi fait partie du « réserve d’or» historique et culturel de l’Azerbaïdjan. Sans lui et sans autres grandeurs de la culture et de l’histoire azerbaïdjanais, tels que Fuzuli, Nassimi, Khaqani Shirvani et chah Ismaïl Khataï Sefevi, dont la nationalité et le droit d’être poète et hommes politiques azerbaïdjanais est contestée, la culture, l’histoire, l’héritage, l’idéologie nationale, la conception du peuple azerbaïdjanais et son indépendance subissent un coup très dur. D’abord, on occupe ses terres, ensuite on exécute des nettoyages  ethniques, après quoi on nie l’héritage culturelle de ce pays et de son peuple, d’ailleurs, pas nécessairement dans le même ordre. Ce n’est pas la première fois, que l’Azerbaïdjan devient victime des éléments de stratégie cités ci-dessus. Et malgré que tous les faits soient en sa faveur, l’Azerbaïdjan ne se débat pas comme il faudrait et comme il peut. Il est temps de refléter des coups, des attaques et rétablir l’intégrité et la souveraineté non seulement territoriale, mais aussi culturelle et historique, ethnique et nationale. Il est à noter, que «  la question de Nizami », c’est-à-dire, son appartenance à un pays ou à un autre, à un peuple dépasse les limites de la critique d’art et de la culture; et surtout, vu un intérêt élevé de la part de la République Islamique d’Iran et d’autres milieux étrangers, elle se transforme en question idéologique et politique. L’Iran essaie de démontrer, premièrement, sa supériorité incontestable, et, deuxièmement, d’abaisser pratiquement le côté azerbaïdjanais, en s’appropriant une partie de son héritage culturel et spirituel. Un tel défi doit être reflété surtout par des politologues et des experts, spécialistes des affaires internationales. Ce serait magnifique, si le présent article pouvait servir de stimulateur supplémentaire et de catalyseur de grandes recherches académiques et de publications à ce sujet et des sujets attenants en Azerbaïdjan. Il pourrait aussi donner une impulsion aux nouvelles publications et rédactions du matériel considérable cueilli par les orientalistes connus, ainsi qu’à des conférences scientifiques, à l’élaboration d’une conception commune et formation de la position des organismes d’Etat, des journalistes et de l’intelligence pour donner une réponse argumentée à toutes sorte d’attaques au futur. Bien que les paroles de Nizami, cités au début de l’article, réduisent à rien les intrigues de l’Iran officiel, l’auteur croit nécessaire de donner une réponse plus détaillée. Concernant les déclarations de l’ambassadeur Suleymani et de l’ex-président Khatemi, ils avaient en vue deux choses : ce que Nizami était perse d’origine et qu’il n’appartenait qu’à l’Iran, car il est « iranien » ou, plus précisément, « poète perse ». Et les partisans de cet approche appellent parfois à des sources respectables occidentales, tel qu’Encyclopédia Britannica ou le livre de Julie Scott Meisami, professeur de l’université d’Oxford, oubliant de préciser, qu’il est de l’usage d’utiliser la formule «poète persan» dans les milieux académiques occidentaux (Persian poet) à l’égard des perses non-ethniques parce qu’ils écrivaient en farsi ou vivaient en Iran, ou encore appartenaient à l’école poétique persane. Dans un cas donné, l’approche des savants soviétiques, utilisant la formule « poète persanophone (Persian-language poet) paraît plus juste et moins soumis à la confusion. Il s’agit non seulement de faire passer le désirable pour réel en ce qui concerne l’origine ethnique de Nizami, mais de l’attribuer exceptionnellement à l’Iran (la Perse), à la culture perse pour des raisons, mentionnées au début de l’article (c’est-à-dire, tentative de s’affirmer au détriment de l’Azerbaïdjan et, en même temps, en la privant de son histoire, la doter d’un complexe d’infériorité). Tout cela se range dans une chaîne de prétentions iraniens envers l’Azerbaïdjan (historiques, territoriales, culturelles) et, parfois, met en cause et sous la menace l’existence même de l’Azerbaïdjan et de son peuple en tant qu’état indépendant (notamment, il s’agit des déclarations des généraux iraniens tel que H.Firuzabadi en janvier 1999, M. Rezaï en juillet 2001,  Y.R.Sefevi et d’autres).
Ces grandes prétentions impériales sont généralement accompagnées de soi- disant rappelles que: 1) la notion de l’ «Azerbaïdjan» ne s’étendait pas vers le nord au-delà de la rivière Araxe jusqu’à l’an 1918, 2) que Gandja n’était pas la ville d’Azerbaïdjan, mais d’Iran, ou, à la rigueur d’Arrane (d’après les propagandistes plus expérimentés les nationalistes persanes ne sont pas pressés d’attribuer Nizami à Arrane non plus) et 3)que nous ne nous appelions pas des azerbaïdjanais jusqu’à l’an 1936. Avec cela, on ne se rappelle pas, que de nouveau l’Empire persane s’appelait officiellement « Iran » dès 1935 par le décret du Chah Reza Pehlevi. Avant ce moment, c’est seulement à l’époque des Sassanides (224-651), que les habitants de l’empire appelaient le pays l’Iran, tandis que tous les autres l’appelaient «Perse sassanide». On a à rappeler aux apologistes iraniens l’existence de l’état Atropatène, d’où vient le nom transformé d’Azerbaïdjan dans les sources arabes dès le 4e siècle avant Jésus-Christ (quand, après la conquête d’Alexandre Macédoine, l’état  Perse/ Iran a disparu de la carte du monde et a cessé d’exister), qui s’étendait plus au nord du fleuve Araxe selon plusieurs savants, notamment l’iraniste, académicien Igrar Aliyev. «Ainsi, tout le territoire de l’Azerbaïdjan du Sud et une partie importante du territoire de l’Azerbaïdjan du Nord étaient soumis à Atropate », voir « Histoire de l’Azerbaïdjan», ch. X, red. Igrar Aliyev, Bakou : « Elm »,1995, ainsi que les articles de la Grande Encyclopédie Soviétique, 3e édition, « Atropaténa », dont l’auteur est Z.I.Yampolsky : « Au début du 2e siècle avant J.-C.  A. (Atropaténa-remarques de A.B.) comprenait aussi le territoire de la ville de Nakhitchevan (sur le fleuve Araxe). L’historien russe V.M. Sissoyev écrit dans le premier quart du XX siècle : « les géographes arabes des IX-Xe siècles du J.-C. sous le nom d’Azerbaïdjan comprenaient tout l’Azerbaïdjan du Sud, ainsi que la partie sud-est de l’Azerbaïdjan du Nord jusqu’à la ville de Berda’a (Barda) et le fleuve Koura au Nord… » («Essai initial d’histoire de l’Azerbaïdjan », Bakou, 1925). Il est à noter, que l’Atropatène restait indépendante pendant plusieurs siècles ou bien formellement dépendante dans l’Iran politiquement turbulent.
Le « père de la géographie » Strabon énumérait les habitants de l’Atropatène : «Les porteurs de certains ethnonymes parlaient des langues locales précédant les dialectes iraniens, étant les descendants des autochtones » (voir : Aliyev K.G. Les sources antiques se l’histoire d’Azerbaïdjan. Bakou: Elm, 1986). Il ne faut pas oublier de nombreuses sources russes, allemandes et anglaises des XIX-XX siècles concernant les « tatars aderbedjanais », y compris le recensement de la population de toute la Russie de 1897. Il est nécessaire aussi de rappeler les ouvrages de l’historien littéraire Firidounbek Kotcharly, édité avant 1918, comme par exemple, « La littérature des turcs azerbaïdjanais » (1908).
Il faut noter également, que parfois l’Empire Perse/Iranienne de l’époque des Akhéménides, Sassanides et des dynasties turques azerbaïdjanaises des Afcharides et Kadjars existait et s’étendait sur les vastes territoires à partir de  Derbent jusqu’ à Yemen. Et alors, cela donne-t- il le droit à l’Iran de prétendre au Daguestan (Fédération de Russie) ou Yémen? En plus, le décalage entre l’époque de Nizami, vécu dans l’Empire Seldjoukide turc et à l’état des Atabeks, et, par exemple, l’Empire perse Sassanide (l’Iran) fait plus de 500 ans. Est-ce que cela donne le droit aux revendications ? Si c’est comme ça, alors l’Iran est dirigé depuis presque un millénaire par les dynasties turques et azerbaïdjanais. Et nous sommes intéressés notamment par cette période du point de vue de Nizami et d’autres représentants de la culture. C’est, en particulier, la période turque qui était le temps d’épanouissement des sciences et des arts, commençant par Firdowsi, qui avait écrit son Chahnamé à la commande du sultan turc Mahmud Gaznevi, apparemment « un nomade très inculte »  jusqu’aux « mongols cruels » Ilkhanides (on devrait écrire séparément sur l’apport des mongols dans la culture mondiale, la science et l’histoire), à l’aide desquels Nasreddin Tussi a fait construire le plus grand observatoire de l’époque à Maraga en 1259. Il est indispensable de noter qu’avec toutes les ressemblances et les liens avec la culture iranienne, la culture azerbaïdjanaise a toujours été et reste originale, unique dans son genre. L’Atropatène elle-même, sans parler de l’Albanie du Caucase, restait semi-dépendante à l’intérieur des états Sélevkide, Parthe et Sassanide. Tenant compte des faits mentionnés ci-dessus, il n’y a aucun doute, quel objectif visaient l’ambassadeur Suleymani et le président Khatemi. Et Nizami, qui avait toujours vécu en Azerbaïdjan, tandis que l’Iran (la Perse) n’existait pas comme unité ethno-politique (son origine ethnique ne joue aucun rôle dans ce cas) et attribué aux perses, parce que ses œuvres ne se sont conservés qu’en farsi, et Shakhriar, qui était azerbaïdjanais incontesté, avait écrit en azerbaïdjanais, mais vécu en Iran, tous les deux selon eux étaient iraniens. Ils les considèrent en tant qu’iraniens dans tous les sens, national, civil, culturel, même ethnique. Ils refusent l’idée de les partager avec l’Azerbaïdjan, croyant au jeu à somme nulle.
La notion « azerbaïdjanais » inclut tous les habitants autochtones de l’Azerbaïdjan du point de vue historique (du Nord et du Sud, comme le subdivisent des savants et chercheurs occidentaux, mais on peut aussi rappeler ses nominations historiques, par exemple, Arran, Albanie et Atropatène), et du point de vue d’actualité (et en général des XX-XXIs.s.) tous les citoyens de la République d’Azerbaïdjan (RSS d’Azerbaïdjan, ADR). En particulier, la notion« azerbaïdjanais »  porte un sens collectif, car c’est une nation, non pas un seul  groupe ethnique. Le peuple et  la nationalité « azerbaïdjanais » à son tour consistent des ethnies suivantes : turcs azerbaïdjanais, tates, talyshes, kurdes, lezguiens, oudis, avares, tsakhours, tatars, perses, russes, molokans et d’autres. Cette notion et l’interprétation de la notion « nationalité » et «peuple» est standard et la seule vraie dans la science moderne. Dans un cas donné, le peuple azerbaïdjanais et l’ethnie a droit au nom indépendant et l’histoire. Il n’est pas moins ancien, que le peuple russe, géorgien, arabe, allemand, français, britannique, italien et bien sûr arménien ou iranien. Voilà pourquoi, ce n’est pas l’origine turque de Nizami (aussi bien que de Shahriar) qui le rend poète azerbaïdjanais. Avec cela, le poète d’origine iranienne (ou plutôt tate) par son père (et probablement grec par sa mère) Khagani Shirvani, le classique azerbaïdjanais (il ne faut pas oublier, que la mère de Nizami, Raïssa était une «dame kurde»,  de dynastie dirigeant kurde des IX-X siècles, tandis qu’un autre contemporain de Nizami, était personnage historique, shirvanshakh Akhsitan, dont la mère était princesse géorgienne). D’une part, les faits que Nizami était né, habitait, œuvrait et même mort en Azerbaïdjan, à Gandja qui est une ville azerbaïdjanaise,  permettent de le reconnaître comme poète azerbaïdjanais (en plus, à cette époque l’état s’appelait officiellement «Etat des Atabeks »). «La notion «Azerbaïdjan» indiquée sur les cartes peut être légalement employée à l’égard des territoires de l’Azerbaïdjan du Nord et du Sud à partir du VIe s… D’après les sources arabes et perses, à l’époque du Califat et après, c’est-à-dire dès le VIIIe s. sous le nom d’Azerbaïdjan on sous-entendait l’Azerbaïdjan du Nord et du Sud. L’Azerbaïdjan devient une notion politico-administrative, ou géographique, ou bien politique. Comme, par exemple, aux XII-XIII s. l’Azerbaïdjan à part la notion géographique portait la notion politique, c’était l’état des Atabeks» (voir Z. Buniatov, « Géographie historique de l’Azerbaïdjan», Bakou : «Elm», 1987, p.6. )
Tenant compte du fait que l’Azerbaïdjan était indépendant de l’Iran pendant toute la durée de vie de Nizami (1140/1-1203/09), celle de ses parents et de son fils après lui, et que l’Iran n’existait pas en tant que telle à l’époque (tant que le shah Ismaïl Khataï Sefevi, encore un poète, chef militaire, turc azerbaïdjanais, ne l‘a pas réanimée en 1501-1502). Aussi, il devient plus difficile d’attribuer le grand poète concrètement à l’Iran. «Le temps d’existence de l’état des Atabeks (1136-1225) coïncidait à la consolidation de toutes les terres azerbaïdjanaises sous l’égide des représentants de la dynastie des Eldénizes. Notamment, pendant ce délai de 100 ans de l’histoire de l’Azerbaïdjan, vieille de plusieurs siècles, ses frontières politiques et ses limites ethno-sociaux ont pris des contours clairs». (Z.Bouniatov, « Les frontières ethnopolitiques de l’Azerbaïdjan sous le règne des Eldenizes », Géographie historique de l’Azerbaïdjan», Bakou : «Elm», 1987, p.93). Il serait intéressant de savoir, s’il existe des objections de la part des responsables iraniens d’appeler Abdurahman Djami (1414-1492) et Abulhasan Rudaki (env.860-941) poètes perso-tadjikes, appartenant ainsi tant à l’Iran qu’à Tadjikistan ? Il en est de même pour le grand Abulkasime Firdowsi (932/41-1020/26). En ce qui concerne Alisher Navoï (1441/4-1501), n’est-il pas poète ouzbek ? Que dire à propos d’Amir Khosrov Dekhlevi (1253-1325) qui était Turc, mais vivait en Inde et écrivait en farsi ? Comme cela a été indiqué plus haut, ce n’est pas la première fois que les nationalistes iraniens avec le soutien moral et intellectuel de certains milieux arméniens revendiquent l’héritage du peuple azerbaïdjanais. Comme l’a remarqué Nizami lui-même « Pour se justifier, en cambriolant ma cour, le voleur insolent injure le propriétaire ». Quand il y a une descente aux voleurs : «Arrêtez le voleur !- crie le voleur le premier. Qu’ils volent, qu’il en soit ainsi,- mais je ne pardonne pas la médisance («Leyli et Medjnoun »). Sans raison ils accusent les azerbaïdjanais de manifester soudainement de l’intérêt pour Nizami à l’époque de l’URSS seulement, dans les années 1930-1940. Heureusement, il reste des témoignages, même celui de la poétesse célèbre arménienne Mariette Shaguinian, parfaite expert de l’œuvre de Nizami et traductrice de ses nombreux poèmes en langue russe : « Dans les années 40, quelqu’un en Iran, à l’occasion du jubilée de Nizami, a déclenché la campagne en faveur de son appartenance impartiale à la culture perse…Bien avant cette date, encore en 1925, le savant-orientaliste soviétique Y.N.Marre, a été en mission scientifique en Iran, qu’il connaissait et aimait auparavant…Il était étonné d’une attitude froide, radicalement négative, peut-être hostile des perses envers Khagani et Nizami. D’après Y.Marre, une telle attitude s’expliquait par le fait que les perses eux-mêmes ne prenaient pas ces deux poètes, natifs et habitants de l’Azerbaïdjan du Caucase, pour leurs écrivains nationaux. Puis, la poétesse cite Y. Marre, qui énumère les représentants des intellectuels perses de Téhéran, avec qui il débattait Nizami (et Khagani). Par exemple, «avec le descendant du célèbre poète Kaem Mekam », « un poète très populaire en Iran contemporain, roi des poètes- Malek osh-Shoer Bekhar » et « un jeune poète Saïd Nefissi », qui a fait un aveu connu: « Nezami n’est pas un poète perse ; il a vécu et travaillé dans le milieu azerbaïdjanais, et ses vers ne sont pas compréhensibles au perse » («Etudes sur Nizami» Erevan,1955 ; réédité à Bakou,1981 p.6-7). A propos, les accusations opportunes de la science soviétique ne tiennent             pas debout à l’examen plus proche quand il s’agit de « l’appropriation» des poètes perses ou iraniens. Les savants soviétiques et même azerbaïdjanais appelaient souvent le même Dekhlevi « poète Perséphone Indien», soulignant rarement son origine turque. Sinon, pourquoi les savants soviétiques n’appelaient pas Dekhlevi tout simplement poète turc ou poète indien, et Firdowsi et Djami simplement Tadjikes ? Il faut prendre en compte que même dans la Grande Encyclopédie Soviétique, source informatique très important, dont L.S. Shaoumian( fils du commissaire Stepan Shaoumian) était l’un des rédacteurs arméniens (comme d’ailleurs dans le cas de Britannik) il n’y avait pas d’article sur les turcs (par contre, il y avait une note sur le «panturkisme») ; l’article « Question arménienne » de l’orientologue V.A.Gurko-Kriajin a été  supprimé des éditions suivantes. Plusieurs représentants de l’ethnie non-arménienne, tel que Agafanguel, chroniqueur grec, le géorgien Korun et l’albanais Moïssey Kalankatuysky, poète albanais Davtak et d’autres ont été inscrits comme arméniens. A propos, on essayait d’inscrire comme iranien le grand poète azerbaïdjanais Imadeddin Nassimi jusqu’à ce que le savant éminent azerbaïdjanais Dj. Kagramanov, membre-correspondant de l’Académie des sciences et directeur du Fonds Manuscrits républicain, n’a pas enrichi la littérature mondiale des découvertes de plusieurs poèmes de Nassimi en azerbaïdjanais, dans sa langue maternelle, ainsi ayant mis fin à toutes les falsifications. Juste après, l’inutilité des tentatives de falsifier l’histoire et d’attribuer Nassimi à l’Iran, Irak ou Syrie a été saisie (malgré des démarches timides qui continuent). Il est important de remarquer : bien que Nizami soit poète azerbaïdjanais d’origine turque, il est en même temps «poète perse» du point de vue de ses poèmes parvenus jusqu’à nous, écrits en persan. IL appartenait à l’école azerbaïdjanaise de la poésie perse. Sans doute, il appartient aussi à la culture iranienne, à la civilisation, au monde. Un orientaliste tchèque, spécialiste de l’œuvre de Nizami, écrivait au début du XXe siècle : «Ce n’est pas qu’il y ait un grand nombre d’hommes de lettres et de savants; un élément plus important c’est leur diversité. La coïncidence temporelle importe moins que cette diversité pour l’union dans un groupe indépendant, à l’origine duquel est Qatran (Tebrizi) » (Jan Rypka, Histoire de la littérature perse et tadjique, M., Progress, 1970, p.199). Y.E.Bertels souligne la même idée: « tous les auteurs du groupe caractérisé, commençant par Qatran, révèlent l’unité du style bien connue. L’école azerbaïdjanaise du XII s. est tellement grande, que nous avons tous les droits d’en parler » (Bertels E. «Œuvres choisis. Nizami et Fuzuli ». M., Littérature orientale, 1962, p. 74). Un autre iraniste connu Y. Marr : «Nizami est à Caucase, en particulier à un groupe ethnique, qui conservait jusqu’aux derniers temps la tradition perse dans sa littérature, notamment pour l’Azerbaïdjan, où le poète de Gandja est plus respecté quand-même qu’en Perse » («Anthologie de la poésie azerbaïdjanaise ». M., 1939, XIX). M. Shaguinian, souligne un rôle particulier du prof. F. Charmoie (1793-1869), étant l’un des premiers à étudier l’héritage de Nizami et écrit : « C’était Sharmoie qui avait posé les bases de notre science sur Nizami comme sur un fait culturel du Caucase du Sud. Il a noté en premier lieu les particularités de son vocabulaire, une certaine divergence entre son langage et le langage des classiques perses… » (« Études sur Nizami », p.66). Shaguinian développe son idée : « …contrairement aux savants de l’Europe occidentale, imaginant le grand poète azerbaïdjanais en dehors de son origine et son entourage culturel, Sharmoie a remarqué l’appartenance de Nizami à l’Azerbaïdjan et la distinction des poètes perses non seulement de Nizami, mais d’autres poètes également, vécus et œuvrés à Gandja et en Asie Centrale» (p.67). M. Shaguinian continue: « … Nizami est plus étroitement lié à la culture du Caucase, qu’à d’autres pays de l’Asie Mineure. La plupart d’imitations de ses poèmes est faite non pas par les poètes perses, mais turcs » (p.14).
Il est à noter, que les œuvres cités ci-dessous ont été consacrés aux gouverneurs turcs: «Khosrov et Shirin », aux Grands Atabeks d’Azerbaïdjan et au Sultan seldjoukide, « Sept merveiles » à Ala-Addin Korpa Arslan (1174-1208), au gouverneur de Maraqa et de forteresses voisines de la dynastie d’Aksunkurides et au gouverneur d’Ahar (entre Ardebil et Tebriz), qui était aussi d’origine turque (kiptchak). Les deux autres clients étaient le Shirvanshah Ahsitan Ier et le possesseur dArzindjan (Turquie d’Est). Il n’est pas moins important, que dans plusieurs poèmes les images des nomades turcs sont positives, et l’action de tous les cinq poèmes se passent en période préislamique (bien que Nizami lui-même fût un musulman pieux).
Mamed Émin Rassulzade, fondateur de l’état national moderne azerbaïdjanais s’est prononcé clairement et pleinement sur notre grand poète en 1918-1920 : « … qui ose dire « il n’est pas turc » au poète qui nomme a) une belle et grande personne d’un turc, b) la beauté et grandeur de turquisme, c) un grand mot et beau de turc, d) un pays de beauté et de grandeur de Turquestan. Á l’époque de Nizami, la langue comme telle n’avait pas d’importance, du point de vue des sentiments, de l’âme, des arguments patriotiques, prouvant l’origine turque. Ces preuves sont mille». (Voir: Mamed Émin Rassulzade. Poète azerbaïdjanais Nizami. Bakou, 1991, p. 31, première édition, Ankara, 1951).
Encore un fait peu connu, mais intéressant : « Au préface du poème «Khosrov et Shirin » le poète distingue parmi les turcs une couche sociale spéciale, c’est «torkan-e qalam» («les turcs de plume»), c’est-à-dire «turcs écrivant», notamment les écrivains turcs. Nizami lui-même était l’un de ces «écrivains turcs» géniaux, dont la plume magique avait créé les monuments immortels de la parole lyrique. (R. Aliyev « Nizami Gendjevi », Bakou: «Yazitchi», 1991 p.28-29).
En effet, Nizami avait utilisé une grande quantité de mots turcs azerbaïdjanais dans ses ouvrages écrits en persan : alalatchig (tente), munjuq (au lieu de bunjuq qui veut dire «collier»), ouchaq ( enfant), etc. (R. Aliyev «Nizami Gendjevi », Bakou: «Yazitchi», 1991 p.28). Un intérêt particulier suscite dans les vers de Nizami la mention des outils du métier de tapis, tels que «bitchaq» (couteau), «qaytchi» (ciseaux), «khana» (chambre) et des vêtements («keuynak» chemise), «papakh» (chapeau), « tchariq» (sandales), «djorab» (chaussettes) etc.(voir : Sh. T.Buniatova «Nizami et ethnographie, Bakou, Elm, 1991, pages 18 ,19).
Comme le note A.S.Sumbatzade, «Le matériel plus abondant, reflétant l’accumulation des mots turcs est présent dans la littérature descriptive et scientifique arabo-persophone, créée par les scientifiques, poètes et écrivains avant XIII siècle, c’est-à-dire avant l’apparition des premiers œuvres littéraires en langue turque-azérie. Les mots turcs-azéris dont abondent les travaux littéraires de Qatran Tebrizi, Khaqani Shirvani, Nizami Gandjavi, peuvent en servir d’une illustration réelle. Les mots suivants figurent dans les vers de Qatran Tebrizi : «daq», «taq», «surma», «khan», «bekmez» et d’autes. Dans le « Divan » de Feleki Shirvani (XIIs.) nous rencontrons les mots turcs : «dag», «aveh», « baslik », «tugra», «beydag», «khatun» (et d’autres. Khaqani Shirvani dans son « Divan»  emploie dans une ligne deux mots turcophones : «sou», « etmek » (eau, pain).Il y a aussi des mots, tels que «mala », «itkin», « vouchaq » (ouchaq), tchuha, tchador, qar, yaman, qizil , qaraqiz, tanri, yalavadj etc. On rencontre les mots pareils chez le poète du XII siècle Mudjereddin Baylakani. Un grand nombre de mots turcophones figurent dans les vers de Nizami (XII –XIII) : khatun, ovzan, tchalich, sandjaq, qalavuz, kulunk, qirmizi, tutmaq, kend, yaylaq, tchirk, korkhan, alem, divlak, ozan, sandjak etc.(«Les azerbaïdjanais – ethnogenèse et formation du peuple», Bakou :Elm, 1990, p.153, avec référence à Démirtchizade A.M., «Histoire de la langue littéraire azerbaïdjanaise», part.1,en azérie.B. : Maarif, 1979, et S.M. Onullakhi «Falsification de l’histoire de la langue azerbaïdjanaise dans les travaux des savants iraniens //livre, «Contre les falsificateurs bourjois de l’histoire et de la culture de l’Azerbaïdjan», B. 1978). –
Comme il s’agit de l’origine ethnique de Nizami, sa conscience nationale (civile) et l’appartenance, il devient claire, que suivant tous ces critères, il n’était ni perse, ni iranien. Les arguments mal fondés et non scientifiques de l’ambassadeur Suleymani et du président Khatami défendant l’idée que Nizami était perse, parce qu’il écrivait en farsi, ne sont pas convaincants et logiques pour quelques raisons.
Premièrement, il existe un passage intéressant, lié à la lettre de Shirvanshakh Ahsitan Ier, envoyée en automne 1188, qui contrairement au poème « Khosrov et Shirin», commandé par les Atabeks turcs de l’Azerbaïdjan et consacré au Sultan Seldjoukide Togrul ll, demande de créer le poème «Leyli et Medjnoun», et obligatoirement en farsi ou arabe, mais non pas en turc. Il apparaît du poème même comme Nizami s’indignait et ne voulait pas accepter de commande. Mais son fils de quatorze ans, Mohammed, a pu le convaincre (voir, par ex.: Dj. Kagramanov, R. Aliyev « Nizami Gandjavi : Guide rapide », B., Elm, 1979). Tenant compte du matériel abondant accessible sur ce sujet, l’auteur se limite de citer des vers correspondants de Nizami et donne leur analyse de la part d’un grand orientaliste russe soviétique, académicien I.Y.Kratchkovski (voir : « Protohistoire du récit sur Medjnoun et Leyli dans la littérature arabe »dans le recueil « Alisher Navoï », M.-L., 1946). Voilà comment Nizami décrit l’histoire de la commande du poème «Leyli et Medjnoun» par Ahsitan Ier par les paroles du dernier :
« Nous voulons, qu’en l’honneur de l’amour de Medjnoun, Tu tailles tes paroles comme des perles…   Orneras-tu d’un voile arabe ou perse la beauté de cette jeune mariée … On sait bien le sens des discours humains, on remarque chaque nouvelle poésie. Mais la cour est loin  des mœurs turques ;  Le parler turc nous est indécent. Si l’on est connu et haut de grade, on est donc connaisseurs de discours élevés !»  J’ai lu… Le sang m’est monté au visage, – La bague d’esclaves et, donc, dans l’oukha! »
(«Leyli et Medjnoun »)
D’après plusieurs scientifiques, ici il s’agit de la langue, dans laquelle devrait être écrit le poème (en farsi ou en arabe) et d’après quel sujets (exclus turcs) ; et le Shirvanshakh refuse l’utilisation dans le poème de la langue turque, qu’il considère comme langue du peuple simple.
Selon l’opinion de l’académicien Kratchkovsky,  le Shirvanshakh Ahsitan Ier (pers.) (1160-1191), qui détestait les Atabeks et tout ce qui était turc et était toujours en guerre avec Djakhan-Pakhlavan et Qizil-Arslan (1186-1191), avait envoyé un messager chez le poète à Gandja avec la demande de lui consacrer un poème. Dans la lettre Ahsitan disait franchement au poète : « Nous sommes des tsars d’origine élevée et nous tenons nos promesses. Nous sommes fidèles à nos paroles et ne procédons pas comme des turcs d’origine basse, sultan Mahmud et Qizil-Arslan à ton égard. C’est pourquoi, crée-nous des paroles dignes de notre haute dynastie, et non pas des paroles brutales turcophones. Malgré le contexte politique d’Ahsitan Ier, ses paroles offensant ont blessé le poète. Dans la conclusion du poème, N.Gandjevi écrit en s’adressant à Ahsitan :
« Bien que le cœur pur et le bonheur victorieux soient tes bons conseillers, écoute, quand-même, en tant que prière matinale deux-trois mots de la part  de ce conseiller avec grâce divine. Regarde, combien de têtes fait périr le monde, et combien de tsars a-t-il survécu. Toi shah vigilent, sachant ta cause, deviens maintenant, si tu peux, un turc vigilent. »
Dans la traduction plus moderne et académique d’A. Starostin sous la rédaction de N.B. Khatuntsev ça sonne comme cela:
Quand même, je te prie d’écouter deux mots d’un autre conseiller : Notre monde, si tu vois, est un magicien rusé, il a survécu tant de tsars! Deviens vigilent comme un turc, si tu peux, alors tu  multiplieras ta puissance.
(«Conclusion du livre avec le nom de Shirvanshah dans «Leyli et Madjnoun», édition commémorative 1981-1985, Bakou : Yazitchi, 1982, p.406)
Il est difficile d’imaginer une raillerie plus affiné à l’égard du Shirvanshah, que celle contenue dans la dernière ligne. Si on la décrypte, elle sonne comme suit : bien que tu réussi dans les affaires d’état, tu n’es pas encore devenu homme, car tu n’a pas de qualités de leader, dignes d’un général, ni de grandeur d’âme, ni de sagesse, ni de justesse, ni de sincérité etc. Á la fin, le défi «deviens un turc» est donné sous condition « si tu peux ». Cela démontre l’incapacité d’Ahsitan de l’être.
Avec ceci, l’image du turc chez Nizami est toujours positive et souvent opposée aux autres peuples. Le professeur A.Hajiyev note, que « plusieurs « petits » détails, qu’on ne remarque pas d’abord, sont éparpillés sur « Khamsé», mais étant pourtant « liés » ensemble ils créent le portrait socio-ethnique d’ampleur épique, les traits éthiques de tous les jours du caractère turc». (v. «Le monde de Renaissance dans « Khamsé» de Nizami Gandjavi », Bakou,  Mutardjim, 2000, p. 12). De nombreux chercheurs remarquent aussi la méthode intéressante « d’inversion », utilisée par Nizami pour accentuer sa propre conscience turque, en citant l’histoire d’une vieillarde, apparemment d’origine iranienne, et du Sultan turc Sandjar («Trésorerie des mystères»), quand la vieille femme, indignée par l’injustice envers sa personne s’adresse au sultan en colère:
Les turcs, dont la puissance s’est élevée très haut, ont possédé le royaume à l’aide de la justice. Comme tu berce la tyrannie, la cruauté, tu n’es donc pas turc, mais un voleur-indou.
Cela sonne de la manière suivante dans la traduction interlinéaire de R. Aliyev (v. «Nizami Gandjevi», B.:Yazitchi, 1991, p.26-27) :
« La puissance des turcs qui s’est élevée, a possédé le pouvoir grâce à l’amour pour la justice. Si tu crée une tyrannie, tu es donc voleur-indou ».
D’autres mots, Nizami glorifie les turcs encore une fois et ne supporte pas, quand quelque représentant de son ethnos, même si c’est un sultan puissant, cesse d’exprimer les qualités positives «turques» et les distinctions qui d’après Nizami sont propres à chaque Turc. En revanche, d’autres gouverneurs-turcs possèdent toutes ces qualités. Par exemple, Afrassyab, le tsar mythique de Turan, qui est l’ «encêtre» de Mikhin-Banu (« Khosrov et Shirin »,113), et  Mikhin-Banu, et le gouverneur de Khotan, Turkestan chinois («Iskendername», 259), Togrulbek-fondateur de la dynastie des Seldjoukides («Iskendername», 280) et beaucoup d’autres (A.Hajiyev ). Nizami s’exprime déjà par les paroles d’Alexandre de Macédoine :
«Á partir des montagnes khazars jusqu’à la mer de Chine, je vois la terre toute pleine de turcs» («Iskendername», édition commémorative 1981-1985, p.295).
Un autre chercheur remarque aussi l’image exclusivement positive des turcs dans les œuvres de Nizami : «…pour souligner la grandeur du prophète Mohammed, il l’appelle Turc. Le poète procède de la même manière, quand il veut  souligner la grandeur de son héros préféré A. de Macédoine » (v. R.Aliyev, « Nizami Gandjavi», Bakou : Yazitchi, 1991, p.27). R. Aliyev a en vue les vers du poème «Khosrov et Shirin» : « Louange à toi, oh turc ! Tu es à la tête de sept tribus ! Tout le monde t’a glorifié dès le Poisson jusqu’à la Lune. » («Khosrov et Shirin», édition commémorative 1981-1985, p.354).
Dans le commentaire de l’édition à ces vers, leur sens s’éclaircit de la manière suivante : «Dans la poésie de Nizami, Turc est un symbole de force, de beauté et leader courageux. En appelant le prophète de Turc, ce qu’il fait souvent, il note toutes ces qualités citées ci-dessus. Le sens du beyt : Oh, le sage leader, courageux, un beau prophète, tu es à la tête de toutes les sept parties du monde, et tout le monde te glorifie sous la lune. (p.426).
Deuxièmement, quand dans le poème «Khosrov et Shirin» Nizami décrit l’héroïne de l’épopée,  la Turque Shirin, qui mène sa généalogie du Turc Afrasyab, il indique dans le même verset, que pour son image il avait décrit sa propre femme, Appaq (« Afaq » à l’arabe), en soulignant encore une fois l’origine turque de sa femme et de son fils unique, fruit de leur mariage, ainsi que de sa héroïne Shirin.
Lave Ma Shirin à l’eau des roses amères ! Par un jour de printemps, pareille à la rose chère, s’est penché au-dessus de sa tombe précoce. Mon idole qiptchaq! Ma céréale douce! Toi aussi, mon Afaq, tu as péri, comme Shirin.
Étant partie en nomade comme si, m’ayant poignardé, tu aurais exercé un vol à la turque ? Vu, qu’il n’y a pas de Turque et que toutes les poursuites sont vaines, Mon dieu, étends tes mains au-dessus d’une personne née Turque.
Troisièmement, des 20 000 beyts (couplets), qasides, gazels, rubaï de Nizami, les 2 000 seulement sont parvenus jusqu’à nous (dans «Khamse» de Nizami il y en a 30 000). Parmi 90% de beyts, que nous n’avons pas, on ne sait jamais, s’il y aurait des informations sur la vie, la biographie, éclaircissant les questions nous intéressant.
Quatrièmement, Nizami connaissait, sans doute, plusieurs langues ? Il parlait turc avec sa femme Appaq, qui ne parlait pas d’autres langues. Probablement, il lui aurait consacré des poésies lyriques en leur langue natale. Á Gandja aussi, beaucoup de gens parmi la population rurale et, surtout, des militaires dans la cour des Atabeks parlaient turc. En principe, suivant la logique des personnes officielles iraniennes, les arméniens devraient renoncer à leur écrivain américain d’origine arménienne W. Saroyan, car le dernier avait  tout écrit en anglais. Et, au contraire, dissimuler l’origine parthe ou perse du tsar « arménien »Tigrane II Grand ou du premier katalicos de l’Arménie Saint-George Civilisateur ou encore des dizaines d’autres tsars «arméniens de la dinastie des Arshakides et Arzakides, des générales et annalistes comme Agafanguel ou bien Korun, tel que cela se fait en principe. Il paraît ainsi, qu’il faut cacher l’origine juive du poète allemand Heinrich Heine et de l’écrivain allemand Franz Kafka (qui habitait à Prague) et insister qu’ils étaient «allemands» notamment, et non seulement «écrivains allemands». On dirait la même chose sur un grand nombre de personnalités de la Russie, par exemple, de l’écossais Barclay de Tolly jusqu’à l’amiral espagnol José de Ribas.
D’ailleurs, citons comme preuve les paroles de Nizami sur sa connaissance de quelques langues étrangères.
« A part les histoires récentes (j’ai aussi étudié des livres)  juives, chrétiennes et pehlevies, je relevais dans chaque livre ce qui y était précieux. J’enlevais la graine de chaque coquille. Langue après langue je ramassais le trésor et j’en ai fait un tout entier. (Iskendername)
La ligne suivante de Nizami présente un grand intérêt :
« J’ai plongé dans les légendes, sondé l’obscurité des mystères parsemées à travers le monde entier. J’ai tout lu en arabe et en dari, j’ai lu le livre de Bukhari et celui de Tabari (Sept merveilles»)».
Remarquez : il note qu’il menait ses recherches (par conséquence, il les maîtrisait parfaitement) des livres en arabe et en dari (langue littéraire des iraniens occidentaux et orientaux : perses, tadjikes et d’autres), développé dès la fin du IX siècle jusqu’au début du XVI siècle sur le territoire de l’Asie Centrale, l’Iran, Afganistan, Azerbaïdjan, la partie nord-west de l’Inde. Les classiques de la littérature perso-tadjique (Rudaki, Firdowsi, Khafiz, Omar Khayam, Nassir Khosrov et d’autres) appelaient «dari» la langue littéraire, dans laquelle ils écrivaient. On l’appelait aussi «farsi-e dari, farsi, parsi». Un perse ethnique noterait-t-il sa langue «natale», dans laquelle il avait écrit «Hamsé » comme ça, séparément ? Sans compter le fait, qu’il range sa culture «natale» iranienne et des livres ensemble avec les écrits chrétiens et juifs étrangers pour lui. De même que les chercheurs russes déclareront tout sérieusement qu’ils lisent en russe du temps de V.L.Velitchko, langue russe d’avant la révolution (1860-1903), ou les américains se vanteront, qu’ils lisent W.Shakespeare en anglais. Cet argument est introduit au niveau scientifique pour la première fois et, selon l’auteur, est une preuve prépondérante de la conscience ethno-nationale et de l’origine de Nizami.
Cinquièmement, tous les chercheurs (p.ex. Bertels «Grand poète azerbaïdjanais Nizami», Bakou, 1940, p. 36) soulignent les difficultés d’écriture des poèmes dans toute autre langue, que le perse, s’étant confirmée comme langue littéraire et officielle même dans l’état des Atabeks. Il ne faut pas quand même ignorer le fait, que Nizami pouvait obtenir le succès, répandre ses vues et devenir célèbre dans de différents pays  par l’intermédiaire de l’arabe et du perse. Pour cette raison seulement le poète était « relié, pour ainsi dire, à ses mains et ses pieds». Pour que ses œuvres ne se perdent pas, il était obligé de suivre les exigences  de la langue littéraire de son époque » (R. Kafarli «Philosophie d’amour à l’Orient ancien et Nizami». Saint-Pétersbourg, 2001, p.93-100). Il faut ajouter, que même au XIXe siècle, de nombreux historiens azerbaïdjanais composaient leurs livres dans la langue perse, bien qu’ils fussent citoyens de l’Empire Russe.
Cependant, J.S. Meisami, professeur de l’Université d’Oxford, qui avait longtemps vécu en Iran, donne des précisions très détaillées et claires à ce sujet (la citation est donnée dans l’intégrité, la traduction est faite par moi) :
« Dans la région azerbaïdjanaise, où habitait et écrivait Nizami, l’activité littéraire en persane était devenue significative juste à cette époque. La poésie en langue persane est apparue en Orient et prospérait aux X-XI siècles dans les cours des Samanides à Boukhara et de leurs successeurs Gaznévides, concentrée à l’Est de l’Iran et Afganistan. Quand les Gaznévides ont été abattus de la part des Seldjoukides en 1040, et ces derniers ont étendu leurs possessions plus loin à l’ouest, en Irak, qui était en majorité arabophone, la poésie persane s’est répandue aussi vers l’ouest dans la cour du Sultan Seldjoukide. Le dialecte local Azeri était une langue originale de l’Azerbaïdjan, où on parlait plusieurs langues et dialectes. La migration croissante des turcs à l’Ouest au XIe siècle a mené à la diffusion de la langue turque. Au XIIe siècle, quand les Seldjoukides ont étendu leur contrôle sur la région, leurs représentants dans les provinces, les princes locaux autonomes, en réalité encourageaient l’écriture perse. Vers le milieu du XIIe siècle un grand nombre de poètes profitait de leur protection. Et là, a été élaboré le style «azerbaïdjanais » de la poésie en langue persane, contrastant avec le style de «khorasan» ou «oriental» par sa complexité  rhétorique, utilisation progressive de la métaphore et emploi de la terminologie technique, ainsi que des images du christianisme » (voir : Julie S. Meisami, introduction to English translation of «Haft Paykar : Medieval Persian Romance», Oxford University press : New York, 1995).
Il ne faut pas oublier outre cela, que Nizami parlait mainte fois de sa Gandja natale, comme d’une ville, se rapportant à Arran, étant le nom politique et géographique de l’Azerbaïdjan du Nord depuis l’époque du Khalifat et à l’Irak, qui était capitale du sultanat seldjoukide (turc), mais aucunement à l’Iran (il est à noter qu’il existait deux Irak, d’adjam et arabe).
« Gandja, en me reliant, a pris très fort les richesses de l’Irak je tiens sans nœud » («Trésorerie des secrets» traduction en russe de M.Shaguinian, Bakou, 1947, page 143).
«Moi, siégé dans ma ville natale… » («Sept merveilles», M., 1959,  traduction en russe de V.Derjavine, p. 376)
Cela manifeste une fois de plus, que Gandja «natale», patrie natale du poète, n’avait rien à voir avec l’Iran, mais, au contraire, avec Arran, en tant que pays, patrie de Nizami, et avec l’Irak (arabe) avec sa capitale à Bagdad, en tant que noyau de l’Empire Seldjoukide, d’où étaient nommés (formellement) les atabeks azerbaïdjanais, Ildezides. Il y a encore un jeu de mots : «gandj» signifie en farsi «richesse». Voici comment Nizami et Gandja se présentent comme un ensemble, tout entier reliés émotionnellement.
L’évocation au XIII siècle  de Tabriz, se situant en Azerbaïdjan du Sud, est intéressante aussi. L’explorateur européen Marco Polo, voyageant en Orient dans les années 1271-1295 remarque : « Toris est une grande ville dans le pays Irak (il s’agit d’Irak d’Adjam- remarque d’A.B.). Il y a beaucoup de villes et de forteresses, mais Toris est la meilleure dans toute la zone ». («Voyageurs sur l’Azerbaïdjan», v.1, Bakou, Edition de l’Académie des sciences d’Azerbaïdjan, 1961, p.34).
Comme preuve supplémentaire, que Gandja était la ville natale de Nizami, M.Shaguinian cite les paroles de Goethe, l’un des premiers amateurs de l’œuvre de Nizami en Europe : «…En général, Il (Nizami) menait une vie calme conformément à son occupation tranquille, et a été enterré dans sa ville natale ». (p.50).
Suivant les confidences du contemporain, «Gandja… est une ville belle et majestueuse», qui est dans le même rang avec les plus grandes villes de l’Orient : la plus grandiose, la plus belle et avec le meilleur climat, pleine de trésor Gandja est en Arran, Ispahan en Irak, Touce et Merv à Khorasan et Askeran en Roume ». (Nizami. Premier recueil. Bakou : Azerneshr, 1940, p.110).
Selon les sources historiques, Gandja était, sans doute, peuplé de Turcs et d’Iranien (Kurdes, Perses, Tates) c’est-à-dire, de musulmans, bien qu’y habitaient des chrétiens aussi, notamment géorgiens, grecs, et arméniens, ainsi que les albaniens transformé en  arméniens non-assimilés complètement (Udine, Gargare etc.). «L’historien et voyageur arabe Ibn Azrak écrivait encore en 1070 : «Gandja est la grande capitale des Turcs». Manguiburni Nassavi, l’historien célèbre de Khârezm-shah Djalal-Din, remarquait plusieurs fois, qu’«en Arran et Mughan les Turcs, sont innombrables comme des fourmis» (v. R.Aliyev « Nizami Gandjavi », Bakou : Yazitchi, 1991, P20-21).
Compte tenu des faits mentionnés ci-dessus, nous croyons nécessaire de vous faire savoir, que la langue azerbaïdjanaise, parlée et littéraire, se formait déjà avant Nizami, mais sa popularité était restreinte (comme actuellement, si quelqu’un souhaite être cité et assurer la popularité à son ouvrage, il doit l’écrire en anglais, auparavant en français, latin, farsi, arabe etc.). En particulier, d’après la Grande Encyclopédie Soviétique «la langue azerbaïdjanaise appartient à la branche sud-ouest des langues turques. Elle remonte à la langue des tribus Ogouzes de l’Asie Centrale de VIIe à XIe siècles, qui était prédécesseur de certaines langues turques, notamment de l’azerbaïdjanais et du turc. Au cours de son développement ces langues ont changé leur structure phonétique, grammaticale, ainsi que le vocabulaire. La langue littéraire azerbaïdjanaise a commencé à se former à partir du XIe siècle… » (G. Briantseva, « Langue azerbaïdjanaise »  GES, 3e édition).
M.A.Dadashzade a remarqué, que «la langue azerbaïdjanaise vivait et se développait, en surmontant l’influence étrangère. Encore au XIIIe siècle, le poète Izzeddin Hassan oglu avait écrit la gazelle sur l’amour, pleine de sincérité et de jeu stylistique gracieux. Il est clair, que pour créer un tel œuvre Hassan oglu utiliserait la langue poétique, formée bien avant lui. Il était impossible de créer par «soi-même» une langue aussi vive et développée pendant un an ou quelques années» (« Littérature azerbaïdjanaise : Manuel pour les fac-tés des univ-tés», M., «École supérieure », 1979, p.8.)
Le jeune chercheur Kh. Balayev remarque, que « Le niveau artistique élevé de la langue du livre épique «Dédé Gorgoud », créé il y a plus de 1300 ans témoigne, que dans les siècles précédents la langue azerbaïdjanaise possédait tous les paramètres de la langue littéraire parlée. L’inscription de l’épopée, datée du 1053, prouve l’existence dans la langue azerbaïdjanaise des traditions littéraires écrites anciennes». Plus loin, le chercheur énumère les écrivains et les poètes, qui, selon quelques renseignements, avaient aussi écrit en azerbaïdjanais (turc) : Massoud ibn Namdar (XIIe s.), Alim ibn Muhenna, poète Ali (1233), Izzeddin Hassanoglu (fin du XIIIe et début du XIVe), Gazi Burhaneddin (1344-1398) et Imadeddin Nassimi (1369-1417) (v. «De l’histoire de la formation de l’azerbaïdjanais en tant que langue officielle (XVI-XXs.) », Bakou : Elm ve hayat, 2002, p. 83 et 84).
«Adressons-nous à une autre source relatif au problème exposé, «Recueil de récits, lettres et poésie » de Massoud ibn Namdar (début du XII siècle). En décrivant l’émeute du peuple dans une grande ville médiéval de l’Azerbaïdjan-Baylakan – Massoud ibn Namdar souligne, que cette émeute avait été soulevée et dirigée par les Turkmènes et Turcs. Dans cet ouvrage, créé en 1111-1112, la prédominance de l’ethnie turque dans les événements arrano-baylakans est mise en relief… » L’auteur du travail de recherche soutient la supposition, que «les nomades» turques n’auraient pas pu obtenir dans un court délai la majorité et la domination de «leur» langue en Azerbaïdjan (v. Z.Kouli-zade, «De l’histoire de la philosophie azerbaïdjanaise des VII-XVIe siècles, B. :Azerneshr, 1992, p.110 et 111).
En effet, la population turque de l’Azerbaïdjan était plus nombreuse bien avant les Seldjoukides, malgré que le pourcentage ait contesté jusqu’à présent. Outre cela, la présence importante des turcs dans tout le Caucase et en Azerbaïdjan (du nord, y compris, en Arran) est avouée par les scientifiques et les annalistes byzantins, géorgiens, arabes, russes/soviétique (A.Artamonov, S.Takayshvili, Théophilacte Simocatta) et les annalistes arméniens déjà au Ve siècle (v. «Histoire de l’Arménie » de Pavstos Buzand ou «Histoire des califes» de Ghévond).
L’académicien A.E.Krimsky avait remarqué aussi: « Il est indiqué, que les émires turkmènes en Arran étaient à la tête des forteresses locales. Donc, Nizami aurait observé dès son enfance la vie des nomades. Et au moment de créer son poème «Leyli et Medjnoun», il pourrait s’imaginer la vie quotidienne, lointaine et étrangère des nomades arabes pareille à celle des Turkmènes dans son pays Arran » (Krimsky A.E. « Nizami et ses contemporains », B. :Elm, 1981, p. 112).
Yakut al-Khamavi témoigne plus directement et confirme l’état pareil de Mugan : «Mukan est une région, où il y a beaucoup de villages et de pâturages. Elle est peuplée de Turkmènes, qui font paître leur bétail. Et les Turkmènes constituent ici la majorité de la population (d’après Krimsky  A.E. «Nizami et ses contemporains », B.:Elm, 1981, p. 389).
Il convient de noter les données du recueil « Ateshkida » de Hadji Lutf Ali Bey (XVIIIe siècle), souvent citées, mais contradictoires sur le père de Nizami (et parfois sur Nizami lui-même), qui aurait été d’origine de la région montagneuse Kouhistan, de la petite ville de Koum (en Iran, non-loin de Téhéran) et du village Tafrish. Ce sont des insertions ultérieures dans un des poèmes du poète, faites par des copistes idéologiquement motivés. Tout simplement, c’est une falsification. L’expert de l’œuvre de Nizami, poétesse arménienne, Mariette Shaguinian, que l’on ne peut pas accuser de partialité, l’avait écrit ouvertement (v. p.ex. «Études sur Nizami», p. 19).
Avec cela, Gandja est désigné comme ville natale de Nizami dans les recueils de biographies créés par les poètes, tels que Dovlet-shah de Samarkand (XVe s.), Aufi (XIIIe s.), écrits plus tôt et donc, plus authentiques et crédibles. Et en ce qui concerne l’unique exemplaire existant d’ «Ateshkides », du troisième recueil biographique plus tardif, il lui manque quatre premières pages arrachées de la biographie de Nizami. Aussi, le livre commence par l’«Hypothèse de Koum». Dans les manuscrits des poèmes de Nizami il y aurait, naturellement, plusieurs déformations et des insertions ultérieures. C’est pourquoi, seulement les éditions exclusivement scientifiques et académiques, créées sur la base d’une comparaison et d’une vérification de tous les manuscrits et de l’approche textologique, peuvent être acceptées et considérées comme fondées. Un tel travail a été effectué par rapport à «Khamsé» de Nizami à l’époque de l’URSS, notamment en Azerbaïdjan, et ces derniers temps en Iran, excepté les travaux de V.Dastguirdi des années 1930-40.
La fausseté des renseignements concernant Koume, tirés de la citation attribuée à Nizami dans son dernier poème (« mais je suis de Kouhistan, de la ville de Koume »), est confirmée par l’orientaliste éminent et un grand spécialiste de Nizami Yevgueny.E. Bertels: «Cette ligne n’existe pas dans l’un des meilleurs et anciens manuscrits de Nizami, conservé dans la Bibliothèque Nationale de Paris et daté de 763 (1360 avant J.-C.) («Grand poète azerbaïdjanais Nizami », éd. AzFAN, Bakou, 1940, p.26).
Cependant, malgré que les renseignements sur Koume soient des insertions ultérieures dans le manuscrit, autrement dit des falsifications, il est à noter qu’il y a un village de montagne Koume dans la région de Qakh en Azerbaïdjan du Nord, qui n’est pas très loin de Gandja. On pourrait aussi comprendre sous le nom de «Koukhistan»  un pays de montagne adjacent à la plaine de l’Irak arabe, et, dans le sens ordinaire, définissant la partie sud montagneuse de Khorasan (v. Bartold V.V. «Revue historique et géographique d’Iran. Œuvre, v.VII, M. 1971,93)». Il existe un autre  «Koukhistan» à Pamir-Alay, région de haute montagne au sud de la plaine de Fergana, à l’est de Kizilkum. Sa partie nord s’appelle Guissaro Alay ou Koukhistan en tadjique. Autrement dit, les copistes malhonnêtes auraient pris la vraie citation sur n’importe quel Kume, que ce soit à Kukhistan ou en Azerbaïdjan et ayant remplacé l’un des toponymes, disons, village Tchinarli, par le toponyme qui ne rime pas et qui est village Tafrish, en donnant tout à fait un autre sens aux paroles.
Avec cela, même si l’information sur Koume n’était pas une insertion ultérieure fausse, mais  véridique, il ne faudrait pas penser, que le Koukhistan était peuplé seulement de perses ethniques et d’autres peuples iraniens. Il y a des donnés intéressantes  sur la composition ethnique de Koukhistan  pendant de nombreux siècles avant la naissance de Nizami: selon les données d’Al-Tabari, en 51/671, quand les arabes avaient envahi par la force la région de Kouhistan à Khorassan, c’est seulement  Nizak-Tarkhan du nombre des turcs, se trouvant là est resté sur place et a conclu la paix avec les arabes [56, II, p.166]. Nizak-Tarkhan était gouverneur de Bagdis et a signé le traité de paix avec Kutayba ibn Muslim [56, II]. En 86/705 Nizak-Tarkhan est évoqué dans les sources comme “sahib”, c’est-à-dire leader des turcs [66,v.2,p.342].
Conformément à L.N.Goumiliev, le prince turc Yukuk Irbis Douloukhan était gouverneur de Badguis en 651. Il meurt en 653 et son fils devient son successeur, qui sera tué en 659. C’est Nizak-Tarkhan qui est devenu le successeur du dernier [p.240]. Vers l’an 82/701 après avoir conclu le traité de paix avec Koutayba ibn Muslim, il avait accompagné quelques fois les arabes dans leurs campagnes dans les villes de Maverannakhra et avait participé ensemble avec eux aux offensives. Plus tard, en 90/708 à 9, effrayé du succès rapide des arabes, il s’est opposé ouvertement à eux et a dirigé l’insurrection anti-arabe à Tokharistan [56, II, p.1201] (v. Sh.Kamaleddinov “Géographie historique de Sogde du Sud et Tokharistan d’après les sources en langue arabe du IXe jusqu’au début du XIII s.”, Tashkent, “Ouzbekiston”, 1996, p.298-316).
Actuellement, en  Azerbaïdjan du Sud il y a des ökonymes et hydronymes trouvant leur explication dans des dialectes turcs anciens. La plupart de chercheurs (V.F.Minorsky, Kh.Korogli, G.Voroshil, V.Aslanov et d’autres.) sont de l’avis, que les «onogures, saragures et akatsires» du milieu gunn représentaient des tribus anciens du groupe oghuz des turcs. Vers la chute de l’Empire Sassanide, les turcs composaient la grande partie de la population de l’Azerbaïdjan. Au moment de la conquête arabe sa population turque était assez nombreuse. On trouve cette information dans la légende arabe sur l’invasion en Azerbaïdjan des tribus arabes du Sud à la fin des années 30 et 40 du VIIe siècle. Il s’agit là du conflit des yéménites, pénétrés en Azerbaïdjan, avec les turcs, de la victoire des arabes et l’emprisonnement des enfants par les derniers. L’auteur arabe Ibn Khishan raconte dans son histoire qu’à la question du Calife omeyade Muaviyé (661-680), concernant l’Azerbaïdjan et les turcs, on lui a répondu, que l’Azerbaïdjan était peuplé de turcs dès le début. Si on fait le bilan des renseignements, issus des auteurs arabes, on peut conclure qu’en Azerbaïdjan les turcs composaient la majorité de la population et habitaient de manière compacte». (v. : I.Aliyev, A.Balayev «LES AZERBAÏDJANAIS. Essai historico-ethnographique».Ch.1. Institut d’archéologie et d’ethnographie de l’Ac.des sciences de l’Azerbaïdjan, 1998).
D’après ce qu’on voit, l’Iran était un pays plurinational. Il était habité et même dirigé par les turcs encore aux 7e et 8e siècles. A propos, il y avait beaucoup de turcs dans l’armée du califat arabe. Notamment, l’Azerbaïdjan et tout le Caucase avaient été conquis pour le califat sous la direction des généraux turcs aux 7e, 8e et 9e siècles (Afshin, ayant étouffé l’insurrection de Babek en 837, et Bouga Turc (aîné), ayant écrasé les grandes émeutes en Géorgie en 850, étaient Turcs).
A cette époque existaient des dynasties des gouverneurs turcs : Toulounides(IXs., Egypte et Syrie), Ikhshidides (Xs. Egypte et Syrie), les Ayubides avec des petites contradictions (Egypte, Syrie, Diyarbékir,Yémen), les Mamluks (Egypte, Syrie 1250-1517), les Rassoulides (Yemen1229-1454), dynastie Anoush-teguine (1077-1231), Karakhanides (Maveranahr et Tourkestan d’Est, 922-1211), Zinguides (1127-1222, al-Djazar et Syrie), Ildéguizides (1137-1225 Azerbaïdjan), Salgourides (1148(1270, Fars) ; Seldjoukides de Rum (1077-1307, Anatolie) ; Danishkimeides (1071-1178, Anatolie d’est) ;Karamanides (1256-1483, Anatolie centrale) ; Djalaïrides (1336-1432, Irak, Kurdistan, Azerbaïdjan) ; Séfévides (1501-1732, Iran) ; Gaznévides(977-1186, Khorassan, Afganistan et l’Inde du Nord) ; Sultans de Déli (1206-1555) ; Tougluikides, Khaldjites, Seyides, sultans de Bengalie (1394-1479) ; sultan de Malve (1401-1531) ; Bakhminides et leurs succsseurs (1347-1527).
Les unités turques et leurs chefs servaient dans l’armée de calife depuis les temps lointains. On a les noms des généraux : Khammad al-Tourki (754-775), Moubarak al-Tourki (775-785), les noms des dynasties ; le régent militaire de Damas Soul-Teguin, descendant de la dynastie turque Soulides (839). Plus tard, deux représentants de la culture arabo-musulmane sont sortis de cette dynastie : le poète du IXe siècle Abu Iskhak as-Souli et l’historien connu Abu-Bakr as-Souli (Bartold « Turkestan » p.60). On voit les descendants de Nizak-Tarkhan et Tuguj Shada parmi les meilleurs chefs militaires du calife Al-Mamoun (813-833). (Djakhiz, Manakib, p.25). La première utilisation séparée des unités turques est liée au nom du calife al-Moutassim (817) lors de l’étouffement du complot d’Abbas, fils d’al-Mamoun. L’influence des généraux turcs augmentait avec l’importance croissante du détachement turc comme base principale du gouvernement. Ainsi, mamluk Ashinas avait été nommé controleur de toutes les terres des « portes du palais jusqu’au bourg extrême à l’ouest». Khorassan et Sind ont été offerts à l’autre chef militaire Itakh (Yakoubi, Histoire, II, p.439 ; Bouniatov, 1969, p. 58 ).
L’une des raisons décisives de la création des premiers détachements de cette armée était l’origine turque de la mère du calife al-Moutassim. La mère du calife abbasside al-Mouktafi était d’origine turque. Elle s’appelait Djidjak, c’est-à-dire tchitchek (fleur). Il était nécessaire d’avoir à sa disposition des guerriers-étrangers, n’ayant pas de relations avec la population locale, ni de racines dans le pays. De tels guerriers n’étaient fidèles qu’au calife. Cependant, dès que ces militaires possédaient quelques biens matériels, protégés par la loi du pays, ils cessaient de servir de support fiable à leurs maîtres (Bosfort K.E. «Dynasties musulmanes », 1960, p.42. Cit. Boudayev N. «Les Turcs occidentaux dans les pays d’Orient»).
L’historien perse Ravandi avait écrit dans son ouvrage, consacré au sultan Ruma (de l’Asie Mineure) Guiyas ad-Din Kay Khusray (1192-1196) : «Gloire à Allah … sur la terre des esclaves, perses, bysantins et russes, la parole appartient aux turcs: la peur devant leur sabres vit profondément dans les cœurs » (L.Gumiliev «La fin et le début encore», V, Phase acmatique. Cit. de  K. E. Bosfort «Invasion des barbares » //Monde musulman : (905-1150). 1951. p. 33). Le travail de recherche de F.M.Assadov «Les sources arabes sur les turcs du Haut Moyen âge » (B. : Elm, 1993) donne une information plus détaillée relative aux turcs.
On voudrait aussi s’arrêter sur la classification des expressions «Poète perse» et «poète de la Perse», qui sont confondues dans différentes langues. On ne va pas répéter ce qui est énoncé au début de l’article. Rappelons le passage de M. Shaguinian, qui avait examiné de près ce problème suivant les recueils sur les poètes persophones, tels que Dovlet-shah, Ateshkide et surtout Avfi (13e siècle). La poétesse arménienne cite le grand orientaliste du 19e siècle Nataniel Bland « Tous les biographes contemporains, ayant décrit la vie des plus anciens poètes, suivaient… » (trad. N.Bland “The Journal of the Royal Asiatic Society», London, 1847, c. 113, citation, p. 12).
Shaguinian remarque très exactement, que la griffe de «poète persane», était appliquée à Nizami et à d’autres poètes persophones non seulement faute de compréhension, mais aussi, en raison de la traduction inexacte. « Bland n’a pas appelé l’ouvrage d’Avfi « recueil de biographie des poètes perses », mais «Les premières biographies perses des poètes » -« The earliest Persian Biography of Poets »- et ce n’est pas par hasard » (même, p.12). Shaguinian continue : «Sur quoi était basée sa classification ? Partait-il du principe national ?…Il réalisait le principe du lieu d’habitation. Dans le dernier chapitre Avfi écrit sur les poètes de Khorassan, Maverannehr, Irak, Gazni, Lagor. La liste des lieux ne se limite pas par la Perse dans le sens propre du mot (Lagor de l’Inde !), mais on énumère les places où il y avait des poètes célèbres, qui écrivaient en persan et qui n’étaient pas forcément perses de naissance. Il est clair, pourquoi Baland (suivant le texte-A.B.) a appelé le recueil d’Avfi «Les premières biographies perses des poètes » et non pas « première biographie des poètes perses» (même édition, p.13). Shaguinian achève son idée comme suit : «…l’étude de Nizami en tant que génie du peuple azerbaïdjanais ne contredit aucunement à la très ancienne source biographique perse » (même, p.14).
En faveur de ses arguments erronés, les défenseurs de l’origine et de l’appartenance iranien (perse) de Nizami, citent l’article de l’orientaliste A.E.Krimsky sur le poète, tiré de l’encyclopédie d’avant la révolution de Brockhaus et d’Efron. Compte tenu du fait que les citations de cet article de 1897 figurent souvent dans certains petits articles, l’auteur croit nécessaire  de donner des citations plus longues du dernier livre de l’académicien Krimsky « Nizami et ses contemporains », écrit avant la mort, ainsi que la préface du livre, écrit par le docteur ès-lettres G. Aliyev, éclairant cet aspect.
Il paraît intéressant de dire quelques mots relatifs à  l’attitude  d’A.E. Krimsky  envers les poètes de l’«école azerbaïdjanaise », qui avaient écrit en persan et à la question de l’origine ethnique de Nizami. Á la différence de plusieurs savants russes aussi bien qu’occidentaux d’avant la révolution, A. E. Krimsky  n’était pas partisan de l’isolation  ou de l’éloignement de l’auteur célèbre de «Khamsé» du milieu historique et culturel d’Azerbaïdjan, de la littérature azerbaïdjanaise.
Encore en 1897, (référence : dictionnaire encyclopédique de BR.et Efr. ; v.41, p.58), l’opinion de A.E.Krimsky, en ce qui concerne la nationalité de Nizami, dépendait complètement des règlements occidentaux de la science orientale, qui le rapportait sans réserves à la littérature de l’Iran. «Nizami est le meilleur poète romantique»,- écrivait A.E.Krimsky et plus tard dans un petit essai, inclus dans son « Histoire de la Perse, sa littérature et la théosophie derviche » (ref. A.Krimsky, partie II, M. 1906, p.183). Nous voyons la même chose dans l’édition de l’an 1900. Pourtant, après avoir examiné attentivement l’œuvre de Nizami, son style poétique, A.E.Krimsky déclare Nizami en tant que représentant de la littérature azerbaïdjanaise. A.E.Krimsky a renoncé à son opinion erronée bien avant d’écrire l’étude présente. Dans l’édition de 1912 considérablement rectifié et complétée de la même « Histoire de la Perse…» l’auteur lie Nizami plus étroitement avec la littérature azerbaïdjanaise et l’Azerbaïdjan.
A.E.Krimsky parle très clairement et sans équivoque de la nationalité de Nizami dans son ouvrage : il faut reconnaître et avouer : l’azerbaïdjanais Nizami est certainement un poète azerbaïdjanais natal, dont l’Azerbaïdjan peut être fier par droit ». Cela ne signifie pas, bien sûr, la séparation de Nizami de toute la littérature persophone, sans tenir compte quand et dans quelle partie du continent d’Asie elle était crée. Parce que Nizami est l’un des piliers de la littérature riche et ancienne, et cela est universellement connu. Les scientifiques azerbaïdjanais n’ont jamais poursuivi le but de «détacher» Nizami de la littérature universelle perse, dans le  développement de laquelle son œuvre immortel a fait un impact profond et décisif. On l’observe bien sur l’exemple de la littérature persophone de l’Inde et de l’Asie Mineure, notamment, de la littérature perso-tadjique. Bien au contraire, le peuple azerbaïdjanais est fier du fait que l’œuvre d’un de ses fils géniaux, qui à la suite des conditions historiques avait écrit en farsi, était devenu grâce à ses images et idées vivant un facteur puissant du développement de la littérature persophone en général, ainsi que dans ses manifestations régionales et nationales.
« Voilà pourquoi se présente remarquable l’évolution des idées de A.E.Krimsky relatives à la nationalité de Nizami et les liens inséparables de l’héritage créatif du poète avec la littérature azerbaïdjanaise. A.E.Krimsky est parvenu à cette conclusion correcte en résultat de l’étude approfondie et globale de l’œuvre du grand poète azerbaïdjanais » (voir l’article de G.Y. Aliyev dans le livre de A.E.Krimsky «Nizami et ses contemporains», B.:Elm, 1981, p.17-19).
«Nizami, dont le nom complet sheykh Nezam al-Din Abu Mohammad Elyas Ibn Yusuf Ibn Zaki Ibn Mu’ayyad Nezami Ganjavi, (1141-mort après 1203), était le meilleur poète romantique azerbaïdjanais (plus précisément, soufi-romantique), une source inépuisable des imitations pour la littérature romantique perse ultérieure, première image préféré pour les représentants de la littérature turque : le poète génial de grandeur mondiale, dont les détails biographiques  n’avaient pas été éclairé de la part de ses contemporains, des spécialistes-historiens de la littérature persane, proches de son époque. Le premier article, qui serait semblable à la description de la vie de Nizami, même avec les déformations des données historiques était parvenu jusqu’aux lecteurs environ trois siècles après sa mort. Ce chapitre de trois pages, que Daulat-shakh de l’Asie centrale (XVs.) à consacré à Nizami dans son recueil anthologique des biographies poétiques «Tazkirat al-shaura» («Note de mémoire sur les versificateurs», création 1487). L’article de  Daulat-shakh laisse à désirer » (A.E.Krimsky, « Nizami et ses contemporains », B. : Elm, 1981, p.21).
L’appartenance de Nizami à l’Azerbaïdjan ne crée pas de doute chez les grands religieux, ni chez les hommes politiques contemporains du monde. Le président de la Russie Vladimir Poutine a déclaré : «…nous inaugurons le monument au grand fils de l’Orient, de l’Azerbaïdjan, au poète et penseur Nizami… Les habitants de Saint-Pétersbourg, les citoyens de la Russie veulent, que notre action reste dans le cœur du peuple azerbaïdjanais et de ceux qui habite ici et en Azerbaïdjan. Nous traitons nos frères azerbaïdjanais comme nos parents proches. Nous voulons souligner, que nous respectons la culture de l’Azerbaïdjan, respectons la culture de l’Orient et espérons, que  cette base-là nous réunira toujours» (discours de V. Poutine à l’inauguration de la sculpture à Nizami le 9 juin 2002, Saint-Pétersbourg, bulletin informatique du MAE FR, 10juin 2002).
Lors de sa visite à Bakou en 2002, le Pape Jean-Paul II a intervenu dans le même esprit : «One of your great poets wrote: «The word, new and at the same time old . . . The word, which is like the spirit, is the treasurer of the riches of the invisible realm: it knows stories never heard, it reads books never written» (Nizami, The Seven Effigies)….
It is your poet Nizami once more who writes: «The intelligent people are those angels who have human names. Intelligence is something marvellous» (The Seven Effigies).» (APOSTOLIC VISIT OF HIS HOLINESS POPE JOHN PAUL II TO AZERBAIJAN AND BULGARIA, MEETING WITH RELIGIOUS LEADERS AND POLITICAL, CULTURAL AND ARTS REPRESENTATIVES, ADDRESS OF THE HOLY FATHER, Baku, Presidential Palace Wednesday, 22 May 2002).
Et enfin, y a-t-il une indication personnelle de Nizami en ce qui concerne sa nationalité et sa conscience ou autrement dit, qui est-il, perse ou turc ? Citons une liste incomplète des preuves indirectes sur la nationalité azerbaïdjanaise de Nizami du livre d’un des chercheurs et d’expert de Nizami, le prof. A. Hadjiyev, qui a des points similaires avec le livre de Shaguinian : « …à, la différence de Firdowsi, une attitude plus critique envers les représentants de la dynastie iranienne des tsars (Yazdiguerd, Bakhram, Dariy, Nushirvan), … le fait qu’à la différence des iraniens-chiites, « Nizami était sunnite fidèle». (Bertels E.E. Travaux choisis ; Nizami et Fuzuli.M., «Littérature orientale», 1962, p.109) ; l’image constant de la «turque» comme symbole poétique de la beauté féminine ; plusieurs expressions aphoristiques, des locutions linguistiques, caractéristiques pour le folklore turc (azerbaïdjanais), la langue populaire (que les   spécialistes indiquent), les indications directes et les allusions du poète lui-même,- tout cela découvre en Nizami le poète azerbaïdjanais, témoigne de profondes racines populaires de son œuvre. Non sans raison, les intellectuels perses, les philologues  avouent, que « Nezami n’était pas un  poète perse, il vivait et travaillait dans un milieu azerbaïdjanais, et ses vers ne sont pas claires au perse » (citation de Saïd Nefessi selon Y.N.Marre. Articles, informations et résumé des conférences. V.II, M. 2dition de l’Académie des Sciences de l’URSS, 1939, p.266) ».
Nous pouvons citer plus longtemps ces orientalistes, qui mettent tous les points sur « i » et ne laissent aucun doute sur l’origine et conscience turques de Nizami. Mais passons la dernière parole à Nizami, le plus grand poète azerbaïdjanais, philosophe, penseur et simplement représentant du peuple.
« Ces gens sans cœur ne me briseront pas,
Je me pleins à ceux qui n’existent pas encore dans ce monde,
On ne reconnaît pas mes racines turques dans cette Abyssinie.
C’est pourquoi on ne mange pas mon délicieux mets haché».
Dans une autre traduction ça sonne autrement :
Dans  ce Khabèche on n’apprécie pas mes racines turques,
C’est pourquoi on ne mange pas ma délicieuse dovga.
(« Sept merveilles », édition de jubilée 1981-1985, p.71).
On ne reconnaît pas mes racines turques dans cette Abyssinie.
Naturellement  on ne mange pas de délicieux mets haché».
Le chercheur tire des conclusions : « Ce beyt, contenu dans toutes les éditions ne soulève aucun doute en ce qui concerne son authenticité et signifie avant tout que Nizami était turc
(azerbaïdjanais) de nationalité. Se plaignant des habitants de Gandja, il la compare en excès de colère avec Abyssinie, employé autrefois comme symbole de l’ignorance, de l’obscurantisme. Le poète veut dire, qu’il est turc et ses beaux vers magnifiques bons comme le repas traditionnel des peuples turcs ne sont pas appréciés dans son pays natal, car les estomacs des acheteurs nobles ne sont pas capables de digérer le plat tel que dovgha ».
Il s’avère, que Nizami avait prévu la situation actuelle et comme toujours a donné la réponse digne. Il est intéressant, que dans les «Sept merveilles» en traduction de V.Derjavine, réedité en 1989 par «Azerneshr» (c’est-à-dire, durant le pouvoir soviétique), ce beyt et beaucoup d’autres avaient été supprimés.
Vu les tentatives d’abaisser les orientalistes soviétiques et azerbaïdjanais, en particulier, les spécialistes de l’œuvre de Nizami, ainsi que l’argument que seul les porteurs de langue farsi peuvent le bien comprendre et en prendre plaisir, je crois indispensable de porter à votre attention l’avis du Dr Djalal Khalégui Motlag, spécialiste iranien le plus respecté de Shakh-Namé de Firdowsi (11siècle), («For Iranians, The Shahnameh Is History Not Myth», Tehran, 16 janvier 2004). D-r Motlag s’était occupé de la rédaction de l’édition académique de «Shah-namé » pendant 34 ans et l’a publié partiellement en 2004, en Allemagne. Selon l’auteur, il était inaccessible aux iraniens tant qu’il ne l’aurait pas publié en Iran. Jusqu’à ce moment les scientifiques iraniens se servaient de la version soviétique de la rédaction de Shah-namé qu’on appelait «rédaction moscovite». Malgré les déclarations de Motlag, que sa rédaction dépassait celle de Moscou, il avoue notamment : «Bien que les orientalistes non-iraniens ne comprennent pas certains moments, ils utilisent des méthodes académiques, et par conséquent, leurs corrections sont meilleurs et sans reproches».
La question à qui appartient l’héritage de Nizami dépend à quel point on s’en occupe, on le respecte en Iran. En même temps il faut tenir compte des citations de Nizami lui-même. Le rôle prépondérant dans l’étude académique  et le triage de son œuvre dès 1930 (jusqu’à 1980) en Iran  appartient à  l’orientaliste Hassan Vahid Dastguirdi, azerbaïdjanais ethnique. Cela n’est pas étonnant : les azerbaïdjanais en tant que le plus grand groupe ethnique peuplant historiquement l’Iran, avaient laissé leur trace dans tous les domaines de la culture, de l’art et de l’activité social de la civilisation iranienne, avaient élevé la pensée poétique aux nouvelles hauteurs (Nizami). Ils étaient aussi à la source  de la critique littéraire. Mirza Fatali Akhundov (Akhundzade) peut en servir d’exemple. Le grand chercheur iranien d’origine perse Iradj Parsinedjad le considère juste comme tel dans son livre « Histoire de la critique littéraire en Iran (1866-1951)», Bethesda : IBEX, 2003. Malgré la reconnaissance, que M.F.Akhundov est un turc caucasien et qu’il était né à Shéki (Azerbaïdjan) au moment quand cette ville n’appartenait pas à l’Iran et qu’Il a fait ses études, a vécu et est mort en dehors de l’Iran (p.40) d-r Parsinedjad le considère non seulement comme historien littéraire et écrivain perse, mais également comme «fondateur et pionnier»  de la critique littéraire perse (iranien), ayant  intitulé le chapitre de son ouvrage : « Akhundzade-fondateur de la critique littéraire moderne en Iran («Akhundzade, the Founder of Modern Literary Criticism in Iran,»c.44). L’auteur note aussi d’autres azerbaïdjanais, tels que Akhmed Kesrevi, Mirzagha khan Kermani et Abd al-Rahim Talebof grands écrivains et critiques, dignes d’être inscrits dans son livre (plus de la moitié d’écrivains qui ont fait l’apport à la littérature moderne perse à partir du 19 siècle sont azerbaïdjanais).
V.Dastguirdi note l’orientaliste américain de l’Iran, professeur de l’Université d’Arizona, d-r Kamran Talattof, qui est spécialiste de Nizami aux Etat-Unis, quelques orientalistes occidentaux, ainsi que E.E.Bertels et DJ.Meysami comme des savants sérieux, étudiant l’héritage de Nizami conformément aux méthodes scientifiques (voir : «The Poetry of Nizami Ganjavi: Knowledge, Love, and Rhetoric», edited, introduction, and major contributions by K. Talattof and J. Clinton. New York: «Palgrave Macmillan», 2001, стр. 189). Avec cela, Talattof énumère sept traducteurs iraniens et rédacteurs de Nizami, «idéologiquement motivés» (p.190), notant particulièrement Pijman Bakhtiyar et Bikhruz Sarvatian. Notamment, « …rédacteur Pijman Bakhtiyar supprime les distiques, qui contrarient son interprétation. Ainsi, les rédacteurs comme Sarvatien examinent et tamisent plusieurs manuscrits de l’ouvrage pour trouver l’écrit répondant à leurs intentions». (p.7 et 8).
En même temps, le savant américain remarque, que « dans l’ex-URSS et la république azerbaïdjanaise, notamment, l’intérêt envers Nizami a toujours été impressionnant » et cite toutes les réussites, atteintes par l’Azerbaïdjan relatives à la propagande de Nizami et de son héritage, et en premier lieu pour des lecteurs russophones. Par ex. création de la commission spéciale sous la direction de l’académicien H.B.Abdullayev, président de l’Académie des sciences de la RSS d’Azerbaïdjan.
Le savant remarque, qu’en 1941, en Azerbaïdjan on célébrait le 800e anniversaire  du poète,  interrompu par la guerre, mais qui avait été reporté à 1947, quand aux environ de Gandja le mausolée a été élevé au-dessus du tombeau du poète. Les actions similaires avaient eu lieu pour le 850e anniversaire du poète à Los-Angeles, Washington et …Tabriz (p.7). En même temps, l’absence de Téhéran, capitale qui prétend à l’héritage  du poète azerbaïdjanais au niveau présidentiel, suggère les pensées tristes. Á propos, en Iran, il n’y a pas de monument de Nizami nulle part ailleurs, excepté Tabriz. L’Azerbaïdjan étant à la différence de l’Iran moins riche en ressources, continue de populariser Nizami en ouvrant des monuments à Saint-Pétersbourg, Kiev,Tachkent, Kichinev, en Géorgie, dans la région de Marnéuli. Sans compter  plusieurs sculptures en Azerbaïdjan et Moscou, inaugurées dans le temps soviétique et avant.
Bientôt le jour, quand la diaspora azerbaïdjanaise inaugurera le monument à Nizami aux Etats-Unis.
E.E.Bertels estimait, que l’impopularité de Nizami en Iran, en tout cas avant la révolution islamique, était due à ses « opinions politiques qui obligeaient les autorités de limiter la diffusion de ses œuvres» («Travaux choisis. Nizami et Fuzuli », M., « Littérature orientale », 1962, p.215. Citation selon A.Hadjiyev, « Renaissance et poésie de Nizami Gandjavi », Bakou : Elm, 1980, p.75). Rappelons-nous le récit de Nizami sur la vieille femme et le sultan Sandjar dans la «Trésorerie des secrets», où Bertels exprime l’idée suivante : «la noblesse seldjoukide était opposé à la vieille aristocratie iranienne, qui, d’après Nizami, n’aspirait pas à la justice (p. 193).
Le but de cet article était d’arrêter les attaques et les revendications au passé historique et l’héritage culturel du peuple azerbaïdjanais ; rappeler les contradictions et d’autres problèmes, observés nettement dans l’histoire et la culture des pays voisins ; élever la discussion à un niveau intellectuel et scientifique plus haut ; mettre à l’ordre du jour l’élaboration urgente de la conception nationale pour la défense du passé culturel et historique du peuple azerbaïdjanais. Et enfin, préciser, que le grand poète Nizami appartient aussi à la culture iranienne, à l’école azerbaïdjanaise de la poésie perse, à tout le monde et la civilisation, aussi bien qu’il se rapporte initialement  plus à l’Azerbaïdjan et au peuple azerbaïdjanais. A son tour l’auteur espère, que l’Azerbaïdjan prendra et renforcera les soins de ses hommes célèbres de science, de culture, des sportifs, des militaires. Ainsi que l’Iran passera des paroles à l’action et rendra hommage au grand poète azerbaïdjanais, qui avait hissé la pensée et l’école poétique perse jusqu’à la hauteur sans précédent et qui est reconnu à juste titre en tant que classique de poésie persophone.

Tous droits réservés
Auteur: Adil Baghirov
Traductrice: Sevda Naghiyeva

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire