vendredi 5 août 2011

LE MYTHE SUR EREVAN

Les savants et les historiens arméniens recourent aux différents  manœuvres dans la tentative d’approfondir et de rendre plus ancienne leur histoire. La falsification, machination et fraude ont occupé leur place dans un arsenal de ces pseudo-travailleurs. L’un des principaux objets de mystifications en Arménie est l’histoire d’Erevan. Les historiens arméniens cherchent à prouver par tous les moyens l’ancienneté d’Erevan. A cet égard, il existe deux versions, relatif à l’origine d’Erevan. Dans la première, il s’agit de Noé.
Selon la légende existant parmi la population et défendue farouchement par certains  historiens arméniens, le nom de « Erevan » remonte au déluge, quand Noé, ayant vu la terre après l’évacuation des eaux, s’est exclamé : « erevats », « erevats », ce qui signifie en arménien « apparue ».
Bien entendu, cette affirmation n’a aucune justification scientifique.
Cependant, cela n’empêche pas certains auteurs arméniens de faire passer cette version pour la version principale. Cela leur permet d’en tirer deux conclusions : la première, c’est qu’Erevan était la première ville d’après le déluge et, par conséquent, la plus ancienne. Et la deuxième suppose que Noé était arménien. Bien sûr que cette version ne tient pas debout et n’est pas pris au sérieux dans les milieux scientifiques en dehors de l’Arménie. Donc, on ne l’examinera pas.
Un autre mythe, relatif à l’apparition d’Erevan provient de la dalle de pierre, trouvée en 1950 sur la colline « Arin-Berd » et qui porte l’inscription : « Par la grandeur du Dieu Khaldi, Argishti, fils de Menua, avait construit cette forteresse en la nommant Erebouni pour la puissance du pays Biayni et l’intimidation du pays-ennemi. La terre était désertique, j’y ai réalisé des affaires importantes… »
Il est intéressant de noter, que les historiens arméniens tâchent d’attribuer la forteresse urartéenne à leur histoire et de la présenter comme l’ancêtre d’Erevan.
La découverte de cette pierre a joué un rôle remarquable dans la vie de l’Arménie soviétique. A partir de l’an 1950, en Arménie apparaissent des ouvrages historiques sur la ville d’Erevan, affirmant qu’elle est vieille de plus de deux mille ans. Bien que plusieurs historiens et chercheurs aient eu des doutes sérieux sur l’authenticité de cette théorie et qu’ils l’aient encore, Viktor Alexandrovitch Shnirelmann, historien russe soviétique, a abordé ce sujet dans son ouvrage : « Les mémoires de la guerre: mythes, identité et politique au Caucase du Sud ». Il écrit : « La découverte en 1950 de l’inscription par les archéologues, annonçant la construction de la forteresse urartienne Erebouni en 782 avant J.-C. à l’endroit d’Erevan actuel, a servi de raison aux autorités de la RSS d’Arménie  pour fêter en 1968 le 2750ième anniversaire d’Erevan. Pourtant, il n’y avait aucun lien direct entre cette découverte archéologique et les festivités ultérieures. En effet, la luxuriante fête nationale n’a pas été organisée par les archéologues, mais par les autorités du Pays, qui y avait dépensé d’énormes quantités d’argent. Pourquoi les autorités locales s’y étaient intéressées et qu’elles n’avaient pas organisé de festivité juste après la découverte, disons, en 1953 ou 1958, ce qui correspondrait au 2735ième et 2740ième anniversaires de la ville ; ou qu’elles n’ont pas reporté la fête jusqu’à l’an 2018 pour son 2800ième anniversaire ? Et en plus, quel est le rapport entre la capitale de l’Arménie, Erevan, et la forteresse urartienne, dont la liaison avec les arméniens est à prouver ? La réponse aux questions posées est évidente pour celui qui connaît l’histoire contemporaine de l’Arménie. Il faut la chercher dans les événements de 1965, qui ont agité toute l’Arménie, comme on verra ci-dessous, et a donné un nouvel élan au nationalisme arménien ». Le mythe sur l’origine antique d’Erevan était régulièrement enrichi de nouveaux « ouvrages » historiques des scientifiques arméniens, cherchant à justifier l’ancienneté de leur capitale. En ce qui concerne les arméniens simples, d’après Shnirelmann « les arméniens étaient fiers surtout par le fait qu’Erevan s’est avéré de trente ans plus vieux que Rome». Les ambitions des nationalistes et l’opinion du peuple sur sa singularité ont été satisfaites. Comme le note encore Shnirelmann, ils n’étaient point gênés qu’ «on n’a jamais pu découvrir sur le territoire d’Erevan de couche culturelle de l’époque urartienne ». Ce n’était qu’un petit détail, dont l’absence était compensée par un flot d’ «ouvrages scientifiques » sur l’ancienneté d’Erevan et ses origines arméniennes.
Les auteurs arméniens n’épargnent aucun effort en essayant de prouver qu’ Urartu n’est autre chose qu’un état arménien très ancien. Notamment, on peut voir ces affirmations dans les travaux des auteurs comme Souren Ayvasian, Rafael Ishkhanian, Martiros Gavoutchkian, Tomas Dj. Samuelian, Angela Terian, Karapet Sukiasian, Artak Movsisian, Levon Shainian et beaucoup d’autres. En dépit de l’opinion des scientifiques renommés, les «chercheurs » arméniens ne cessent pas d’affirmer et essaient de justifier « l’identité arménienne » d’Urartu.
Erebouni ancien a été construit en 782 avant J.-C. sur l’ordre du tsar d’Urartu Argishti Ier comme point de support pour localiser le peuple urartien dans la vallée d’Ararat. Vu qu’Erebouni se trouvait à proximité d’Erevan et grâce à la liaison étymologique présumée des mots « Erebouni » et « Erevan », ces noms sont considérés comme identiques avec le dépôt dilettante des auteurs arméniens. Ainsi, on croit, qu’Erevan était créé en 782 avant J.-C., malgré l’absence de données, témoignant l’existence de quelque population considérable établie à l’endroit d’Erevan pendant la période entre IVe siècle avant et IIIe siècle après J.-C.
Il est à noter, que les ouvrages pseudo-scientifiques sur l’attribution d’Urartu ont réussi à gagner beaucoup d’admirateurs et de défenseurs dans l’Arménie elle-même, ainsi que dans la diaspora arménienne.
Le régime soviétique avait souvent résisté, quoique pas toujours, à l’interprétation nationaliste de l’histoire, tandis que dès l’acquisition de l’indépendance par l’Arménie, le nationalisme arménien a totalement imprégné la science historique arménienne et l’a mis dans sa dépendance absolue.
A la conférence, consacré à l’arménologie, qui s’était tenue en octobre 2003 à l’Université Harvard aux Etats-Unis, le professeur James Russel avait touché à ce processus dans l’historiographie arménienne. J.Russel a déclaré : « Je préviens les auditeurs des théories de complot, de la xénophobie et de la pseudoscience ultranationaliste, qui deviennent des tendances de plus en plus prédominant de l’arménologie dans la République d’Arménie. On y remarque également la présence de la paranoïa et de l’antisémitisme ».
Il est intéressant aussi d’évoquer l’opinion de Ronald Suny, historien américain d’origine arménien qui a indiqué : « Les savants de l’Arménie se sont embourbés dans l’idéologie nationaliste. Si vous présenter un point de vue alternatif, vous serez critiqué d’une façon grossière et méchante. Comment les gens peuvent essayer de penser autrement à ce niveau d’argumentation et développer la science, quand la moindre dérivation subit des attaques ? »
Ça devient clair juste après, comment la forteresse urartienne Erebouni est devenue ville d’Erevan ancien arménien.
En général, sur le chemin de l’ « arménisation d’Urartu » et l’ « arménisation d’Erevan», les auteurs arméniens ont réalisé un grand travail systématique. En Arménie, le travail sur l’attribution de la culture, de l’histoire, des monuments, appartenant à Urartu est mis sur le convoyeur à chaîne. « L’arménisation d’Urartu » a rendu possible aux auteurs arméniens d’approuver sa présence depuis les temps anciens sur le territoire de l’Arménie actuelle et de « justifier » ses aspirations envahissant à l’égard des pays voisins. Les mythes arméniens, qui se sont fait une place dans l’historiographie arménienne et défilent victorieusement à travers les pages des manuels et des ouvrages historiques, ne sont pas restés inaperçus de l’extérieur. Il est remarquable, qu’un nombre de spécialistes d’arménologie américains d’origine arménienne critiquent leurs collègues d’Arménie, les accusant de falsification consciente et à grande échelle, ainsi que de tentatives de rendre artificiellement plus ancienne l’histoire de son propre peuple. Et ils ne sont pas les seuls! L’historien et linguiste russe Serguey Vladimirovitch Lezov caractérise l’activité de création des mythes arméniens de la manière suivante : « Trois composants se dessinent dans le mythe arménien: premièrement, c’est la croyance à sa fonction civilisatrice, basée à la possession de l’héritage antique ; deuxièmement, son identification à l’avant-poste du christianisme en Orient ; troisièmement, l’image de victime qu’ils se donnent, souffrant au nom de l’humanité des mains des barbares orientaux. D’autres mots, les arméniens s’imaginent le peuple choisi qui, d’une part, est porteur de la sagesse suprême et, d’autre part, est condamné au rôle d’une victime sans défense. Cela réduit les arméniens à l’identité « antiturque », profondément enracinée dans leur conscience ».
De génération en génération, les arméniens sont élevés sur les mythes arméniens, créés auparavant et maintenant par la plume des pseudo-historiens. Par conséquent, nous avons une machine de la falsification et de la mystification bien réglée et fonctionnant en la personne de la pseudoscience historiographique arménienne.

Matériaux utilisés du livre Schnirelmann Victor Alexandrovitch: «Les guerres de mémoire; mythes, identité et politique au Caucase du Sud».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire