vendredi 5 août 2011

Les monuments architecturaux de l’Azerbaïdjan

Les monuments architecturaux de l’Azerbaïdjan sur le territoire azerbaïdjanais démontrent le chemin long et complexe parcouru dans ce domaine. Les monuments de la période néolithique et énéolithique témoignent de la tradition artistique du peuple antique. Les différents types de conditions géografiques et les nombreuses zones climatiques , ont favorisé depuis l’antiquité la solution de certains problèmes architecturaux par les constructeurs azerbaïdjanais. Les provinces azerbaïdjanaises participent également dans la création de nombreux ouvrages architecturaux.
La formation de l’Etat de Manna sur le territoire d’Azerbaïdjan et par la suite la naissance au sud de l’Etat d’Atropatène contribue à l’apparition de villes fermées, de fortificatins et de remparts majestueux. L’urbanisme se développe considérablement pendant la période de l’Albanie du Caucase (IVème siècle avant J.-C.- VIIème siècle). Les rempart solides de la ville de Gabala, les canalisation, les tuyaux en céramique, les systèmes de défense construits en pierre au passage de Damirgapy (Derbend), le temple de Kish à Sheki (Vème siècle), Chiraggala (Vème-Vième siècle), le temple chrétien rond du village Lakit ( Vème-Vième siècles), la basilique du village de Gum (approximativement Vième siècle) et les temples à Minguétchévir démontrent un niveau élevé de l’urbanisme culturel.
Les ouvrages de défense parmi les monuments d’architecture de la période de Sassanides attirent une attention particulière. La Tour de la Vièrge à Bakou et le complexe architectural qui l’entoure, le barrage de Guilguiltchay de la côte Caspienne aux pieds du mont Babadagh et le barrage de Beshbarmag donnent une  idée claire du développement de construction des fortifications.
Suite à l’invasion des Arabes (VIIème siècle) et à la diffusion de l’Islam, le développement de l’architecture a aussi changé.
On édifie des bâtiments de nouveau type tels que mosquées, madrassas, tombeaux, caravansérails etc. En cette période, parallèlement à la diffusion de la religion islamique, on construit des tempes chrétiens et des forteresses dans certaines provinces de l’Albanie Caucasienne. Parmi ces dernières, la forteresse de Djavanshir (approximativement VIIème siècle), érigée sur le territoire de la région actuelle d’Ismayilly et le complexe de forteresses (Vème-VIIIème siècle) près du village de Yukhary Askipara dans la région de Gazakh.
Aux Xème-XIIème siècles, les différentes écoles d’architecture tels que celles d’Arran, de Tabriz, de Nakhtchyvan, de Shirvan et d’Absheron ont été créées à la suite de la formation en Azerbaïdjan des petits khanats féodaux, après la décadence du califat (IXème-Xème siècle). La plupart des ouvrages, créés par les architectes de l’école d’Arran (Gandja, Barda, Beylagan ), fut détruite lors d’un violent tremblement de terre à Gandja (1139) et par l’invasion mongole (XIIIème siècle). Les vestiges de certains bâtiments ont été découverts lors de fouilles archéologiques à Gandja et Barda. Les vestiges des trois ponts au-dessus de la rivière Gandja (XIIème siècle), des bâtiments résidents, hammams, etc. témoignent de la technique particulière de l’école d’architecture d’Arran.
Les villes de Gandja, Beylagan, et Barda, représentantes de l’école d’architecture d’Arran, et celle de Nakhtchyvan (école d’architecture de Nakhtchyvan), Shamakhy (école d’architecture de Shirvan-Absheron), Tabriz et Maragha (école d’architecture de Tabriz) sont devenus centres de l’architecture d’Azerbaïdjan.
L’apogée de l’école d’architecture de Nakhtchyvan consacre les ouvrages de l’archtecte Adjami Abubackr oglu, créateur des mausolées de Youssif ibn Kusseyir (1162) et Momina Khatun. Les compositions et styles d’ornement décoratif qu’il a utilisés ont influencé largement sur la création des mausolées en Azerbaïdjan ainsi que dans certains autres pays.
Le Mausolée de Momina Khatun, érigé par l’architecte Adjami Abubakr oglu Nakhtchévani pour le tombeau de l’épouse de Shamsaddin Eldaniz, fondateur de l’Etat azerbaïdjanais des Atabeys, est considéré comme l’une des perles de l’architecture du Moyen âge pour l’ingéniosité de sa composition et ses ornements fins.
On crée de nombreux grands ponts en Azerbaïdjan entre VIIème-XIIème siècles. Parmi eux on peut citer: les ponts Khudaferins de 15 arches (VIIème siècle) et de 11 arches (XIème siècle) au dessus de la rivière Araz, le pont Synyg dans la région actuelle de Gazakh (le pont Rouge, XIIème siècle), les trois ponts au-dessus de la rivière de Gandja (vestiges des XIIème-XIIIème siècle) et d’autres qui attient une attention spéciale.
Erigé sur l’un des îlots rocheux de la baie Bayil, construit à des fins défensives, la forteresse de Sabahil se trouve actuellement sous l’eau à une distance de 350m du littoral.
L’utilisation des constructions en pierre, laconisme des solutions volume-à-espace, les ornements avec des motifs floraux engravés sur pierre sont les caractéristiques des monuments de l’architecture de Shirvan-Absheron. Parmi les meilleurs ouvrages de cette école figurent le minaret de Synyggala à Bakou (1078, Mahammad Abubakr oglu), la forteresse de Ramana (XII-ème-XIVème siècle). L’une des constructions les plus intéressantes de cette période est le château Sabahil des Shirvanshakhs, érigé dans le port de Bakou au XIIIème siècle et englouti par la mer.
Appartenant aux différentes périodes, plus de cinquante monuments historiques d’architecture de la Vielle Ville (Itchari Shahar), dont la Tour de la Vierge ( XIIème siècle) symbole de Bakou et le palais des Shirvanshahs (1420-1460) ont marqué l’histoire de la ville. La Vieille Ville, la Tour de la Vierge, le complexe du palais des Shirvanshahs sont inscrits en 2000 sur la « Liste du patrimoine culturel mondial » de  l’UNESCO.
La formation d’Etat des Elkhani sur ce territoire au milieu du XIIIème siècle provoque une certaine reprise dans l’architecture. Lors du règne de Khan Hulaku (1256-65), fondateur de la dinastie des Elkhani, on érige l’observatoire de » Maragha.
Aux XVème-XVIème siècles, l’activité des architectes et ornementalistes sort au-delà des frontières du pays. Des ouvrages intéressants se réalisent également dans différentes villes provinciales.
Les XVIème-XVIIème siècles représentent, à un certain degré, la poursuite des anciennes traditions de l’architecture. Avec le développement du commerce se développe la construction des caravanserails à cette époque en Orient, y compris en Azerbaïdjan.
La construction des hammams se développe dans les pays d’Orient, ainsi que dans les villes d’Azerbaïdjan. C’est un lieu non seulement aux fonctions sanitaires et hygiéniques, mais également de repos. Les hammams dans les villages d’Absheron (1388, architecte Kashtasif Musa oglu), dans la Vieille Ville (hammam Gasymbey du XIVème siècle, hammam Hadji Gayib du XVème siècle, hammam à Basgal du XVIIème siècle, à Gandja (Tchokak hammam, XVIIème siècle), à Shusha (hammam du quartier merdinli), à Aghdam (hammam du village Abdal Gulabli, 1900, architecte Karbalayi Safikhan Garabaghi) sont conservés jusqu’à nos jours et représentent des exemples importants de l’architecture.
L’édification des palais des Khans pour les gouverneurs locaux tient une place primordiale dans l’architecture du XVIIIème siècle. Le palais des Khans de Sheki, lié aux différents arts traditionnels est le monument le plus marquant de cette période période. La maison des Khans de Bakou à Itchari Shahar et la forteresse d’Asgaran, édifiée par la Khan Panahali de Garabagh, peuvent aussi être citées comme des monuments remarquables de cette époque.
La réserve historique d’architecture de Yukhary Bash et le palais des Khans de Sheki jouissent d’une renommée mondiale. Le palais des Khans de Sheki fut construit entre 1761 et 1763 par Husseyn, petit-fils de Hadji Tchelebi, Khan de Sheki et fondateur du premier Khanat indépendant d’Azerbaïdjan. Ce splendide édifice en bois et en vitraux fut réalisé sans recours aux clous ni à la colle. L’intérieur du bâtiment fut décoré de nombreux motifs géométriques et des dessins floraux, ainsi que par des scènes de chasse et de bataille. Les ornements des murs du palais, les grilles ornées, les différents motifs et les gravures sur argile séduisent les visiteurs par la finesse du travail et la couleur vive.
L’apparition de nouveaux types de bâtiments, après le rattachement de l’Azerbaïdjan du nord à la Russie, est importante dans le développement de l’architecture. A l’instar de différents styles déjà répandus  dans l’architecture azerbaïdjanaise, le style gothique commence à apparaître dans la construction de quelques hôtels particuliers. La résidence de Murtuza Mukhtarov (actuellement Palais du Mariage, 1911-1912) de style gothique français, le palais Ismaïlliya (actuellement Présidium de l’Académie Nationale des Sciences d’Azerbaïdjan) de style gothique vénitien, en sont les témoignages architecturaux. On construit également des bâtiments publics. De ce point de vue, le Musée des Beaux-arts de Bakou (1888-90, architecte Nikolaï Augustovitch von der Nonne), la Douma de la ville (actuellement Mairie de Bakou, 1900-1904, architecte I.V.Goslavsky) en sont de bons exemples.
« Ismaïlliya », cette somptueuse résidence  fut construite en 1908-1913 selon le projet de l’architecte I.K. Ploshko, pour le millionaire bakinois Musa Naghiyev pour pérenniser la mémoire de son fils, décédé prématurément. Incendié par les dashnaks et les bolshéviks lors des événements tragiques de mars de 1918, la résidence fut rénovée entre 1922 et 1925 par le gouvernement soviétique. C’est durant cette période que les versets du Coran gravés sur la façade de la résidence furent remplacés par des étoiles à cinq branches, symboles du régime soviétique.
Les bâtiments des théâtres, qui se construisent à la deuxième moitié du XIXème siècle, étaient d’un type totalement nouveau pour l’architecture azerbaïdjanaise. Le premier théâtre fut construit à Shamakha( 1858, architecte Gasim bey Hadjibababeyov ), suivi par la création du théâtre Taghiyev à Bakou ( actuellement Théâtre National Azerbaïdjanais de la comédie Musicale, 1883, P.I.Kongnovitsky) et l’actuel Théâtre National Azerbaïdjanais de l’Opéra et du Ballet (1911, architecte Nikolaï Gueorguievitch Bayev).
Au milieu du XIXème siècle, une école d’architecture spéciale se crée au Karabakh, dont le représentant le plus célèbre est Karbalayi Safikhan Garadaghi. Il restaura le complexe d’Imamzade  à Barda (1883) et construit les mosquées Ashaghi à Shusha (1874-1875), Djuma (1883), Hadji Alakbar dans la ville actuelle Fuzuli et Garabaghlilar à Ashgabad(1880).
Construit dans la première moitié du XXème siècle, la residence d’entrepreneur et homme d’Etat Isa bey Hadjinski (1910-1912),  la Philarmonie Nationale d’Azerbaïdjan M.Magomayev (1910-1912,  la résidence du millionaire bakinois Musa Naghiyev (1910), la maison des Ashourbeyov (1904), le bâtiment du Théâtre National des Marionnettes d’Azerbaïdjan (1912) jusqu’à présent donnent un cachet certain à Bakou.
L’image architecturale de Bakou s’enrichit après la construction à la seconde moitié du XXème siècle de la Bibliothèque Nationale du nom de M.F. Akhundov (1960), du bâtiment du Théâtre National Dramatique d’Azerbaïdjan (1960), du Grand Magasin Central (1961), de la Maison du Gouvernement (1936-1952), du café Mirvari (1960), du palais Gulustan (1969-1982) etc.
Dans les années 1960, une nouvelle étape du développement de la qualité de l’urbanisme et de l’architecture commence en Azerbaïdjan. La première station de métro s’ouvre en 1967. Le métro bakinois éveille l’intérêt pour la qualité de sa construction, ainsi que pour la synthèse réussie de l’architecture avec des arts plastiques.
L’indépendance de l’Etat azerbaïdjanais a influé fondamentalement le domaine de l’architecture. Le mélange des architectures orientale et occidentale donne à la ville de Bakou un attrait particulier, quasi magique. On y découvre les lignes harmonieuses des anciennes constructions de style oriental aussi bien que celles s’inspirant des traditions architecturales européennes.
Au XXIème siècle, de nombreuses mesures et décrets ont été pris pour la sauvegarde des villes azerbaïdjanaises et des systèmes d’urbanisme historiquement formés. Les villes de Shabran (2002) et Chiraggala (2002) dans la région de Davachi, le village d’Ilisu à Gakh (2002), la valée d’Aparidji dans la région d’Ordubad (2002), le village de Kish dans la région de Sheki (2003), la localité de Pir Husseyn dans la région d’Hadjigabul (2004) sont déclarés réserves historiques d’architecture d’Azerbaïdjan.
Cependant, ces dernières années, suite à l’occupation arménienne, l’héritage architectural du pays a connu de grandes pertes. A partir de 1990, de nombreux monuments azerbaïdjanais ont été détruits sur le territoire du Haut Karabakh et des environs (latchin, Kalbadjar, Zanguilan, Gubadli, Djabraïl, Fuzuli, Aghdam). Les monuments historiques d’architecture suivants se trouvent sur les territoires occupés : l’église de Gandjasar (1216-1238, Kalbadjar), le temple d’Aghaghlan (VIe-siècle, Latchyn), le monastère d’Utch kerpe (trois bébés, Terter), le pont de Khudaférin (XIe-XIIe siècles), la forteresse de Shusha (1750-1757), la mosquée de Saatly (XVIIIesiècle, Shusha), le château de Gara Boyuk khanum (deuxième moitié du XVIIIesiècle) et le château de Shanbulag de Panahali khan (XVIIIesiècle, Aghdam).

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